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Rescapée, partie III

Tenebrae

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Mar 21, 2005
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Vraiment désolé pour la compréhensible impatience qu'a entraîné l'attente interminable de ce troisième volet. Comme expliqué dans la discussion concernant la partie II, il ne s'agit pas ici de la conclusion de l'histoire. Une partie IV devrait donc suivre dans un laps de temps bien plus court que celui ayant séparé les II et III.

En espérant que ce qui va suivre vous plaise. Enjoy !

+ + +​

Il s’était mis à pleuvoir sur la ville, une petite pluie fine et glaciale. Une légère brume s’était levée du même coup, et le ciel gris achevait de favoriser l’humeur maussade des habitants. Pas vraiment le temps idéal pour recevoir son chef, surtout lorsque ce dernier était en charge d’une opération aux enjeux cruciaux.

Un pavillon discret en bordure de la ville, environné par un petit parc et défendu par un portail en fer forgé, à l’ancienne. En réalité une de ces maisons acquises par l’Etat et utilisées pour cacher toutes sortes de choses : marchandises plus ou moins légales, témoins importants, informateurs… la liste était longue. Une puissante berline vint s’arrêter devant la grille qui s’ouvrit automatiquement devant elle. Le jeune homme qui faisait le guet à l’entrée malgré la pluie, salua d’un bref signe de tête le passage du véhicule tandis que celui-ci le dépassait pour aller stopper devant les quelques marches qui conduisaient à la porte d’entrée.

Marine se tenait là, le dos droit, presque au garde-à-vous pour accueillir son supérieur. Le chauffeur, un homme massif vraisemblablement issu du service action, descendit le premier mais la jeune femme ne lui accorda pas plus qu’un regard. Il ouvrit la portière arrière et un homme, la cinquantaine grisonnante, descendit. Tout chez lui suggérait l’autorité et la froideur : son costume sobre mais valant une fortune, sa coiffure stricte et son regard de professionnel aguerri. Même si sa légendaire intransigeance et la dureté de son regard le rendaient plutôt intimidant, Marine, elle ne le trouvait aussi impressionnant qu’il l’aurait bien voulu. Elle était un agent de terrain, formée à l’armée puis au service lui-même, avant d’avoir risqué sa vie des dizaines de fois pour le bénéfice de sa nation. Lui était un fonctionnaire, passé par les grandes écoles et n’ayant jamais été une seule fois en danger. Cela ne faisait pas de lui un mauvais chef, loin de là, mais les deux officiers ne partageaient vraisemblablement pas la même perception. Ni, hélas pour Marine, la même fiche de paye.

Le chauffeur déploya un parapluie au-dessus de son supérieur, tandis que ce dernier interrogeait la jeune femme :

- Où en sommes-nous ?

- Elle est à l’intérieur. Nos hommes lui tiennent compagnie en attendant.

- Comment est-elle ?

Marine réfléchit un instant à la façon dont elle allait tourner sa phrase.

- Elle est choquée, monsieur. Je persiste à croire que nous n’aurions pas dû nous précipiter de cette façon.

Comme on pouvait s’y attendre, l’arrogant responsable prit assez mal la suggestion.

- Agent Schneider. Je vous remercie de nous faire part de votre analyse d’experte, mais il me semble que nous avons déjà tranché cette question. Je vous prierai à partir de maintenant de vous en tenir à la stricte exécution des ordres qui vous sont donnés.

Marine se tendit et renvoya à son chef un « Reçu » bref et sec qui signa la fin de la discussion.

- Bien, si nous y allions ? Il fait un temps de chien : on se croirait revenus à Londres.

Marine, qui ne releva pas cette allusion à l’échec d’une récente mission, fit volte-face et monta les marches, les deux hommes sur ses talons. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à Kyra et à sa réaction lorsqu’elle lui avait annoncé la vérité. Son monde s’était de nouveau écroulé et ç’avait peut-être été la fois de trop.

Parvenus à l’intérieur, les trois agents se dirigèrent immédiatement dans une salle de veille, d’où par un ingénieux système de caméras dissimulées dans des appliques ou des meubles, on pouvait surveiller l’ensemble de la maison. Les deux officiers de permanence se levèrent immédiatement pour saluer l’entrée de leurs supérieurs, puis se retirèrent à la cuisine afin de prendre de quoi réapprovisionner tout le monde en café. Marine parcourut les écrans du regard avant de se fixer sur celui de la caméra 4. Celle-ci montrait une vue du salon, où on pouvait apercevoir Kyra, assise dans un canapé près d’une table basse, avec à l’opposé, adossé à la porte, un garde chargé de sa protection. Ils ne parlaient pas et c’était tout juste s’ils se jetaient des coups d’œil. La pauvre jeune femme avait été visiblement perturbée par la révélation de Marine, et cette dernière se demandait si elle serait capable de la faire se confier à nouveau.

- Qu’est-ce que vous attendez pour aller la rejoindre ?

Le ton n’était dénotait un agacement certain. A ce moment précis les deux agents qui s’étaient absentés revirent portant des plateaux chargés de gobelets. Marine se retourna, en attrapa deux et sortit de la pièce sans un mot.

+ + +​

Kyra leva les yeux sur l’homme qui était officiellement chargé de sa protection. Il avait les épaules larges, plus que la plupart des gens, et ses bras révélaient des muscles saillants qu’on devinait sans difficulté malgré ses vêtements chauds. Tout chez lui respirait l’expérience du combat : de sa carrure imposante jusqu’à son regard alerte et blasé. Pourtant, Kyra n’arrivait pas à être rassurée. Elle ne savait pas encore si elle était de nouveau prisonnière ou si on cherchait juste à la protéger, ainsi qu’on l’avait prétendu. Pour autant qu’elle le sache, cet homme qui lui avait été présenté comme chargé de veiller sur elle pouvait tout aussi bien se révéler un agresseur potentiel. Enfermée dans cette maison où elle n’était jamais venue, installée dans une pièce verrouillée en compagnie d’un inconnu, Kyra réalisait à quel point elle avait perdu le contrôle de son existence. Elle n’était plus individu, seulement un objet de convoitise entre deux factions rivales. Il était terrifiant pour elle de constater à quelle vitesse sa vie avait basculé, sans aucun signe avant-coureur. Ce quotidien qu’elle s’était bâti et dans lequel elle avait vécu jusque-là sans même y penser s’était finalement avéré d’une insoupçonnable fragilité.

On frappa à la porte. Le garde entrouvrit le battant, puis s’effaça pour laisser passer Marine avant de sortir, laissant les deux femmes seules. La jeune officier tendit un gobelet de café à Kyra :

- J’ai pensé que tu en voudrais peut-être un autre.

Elle jeta un regard soucieux sur les débris du précédent, éparpillés sur la table basse. Le carton avait été lentement déchiré en petits morceaux, de façon méthodique. La délicate profession de Marine l’avait formée à sentir les gens, à se mettre dans leur peau pour ressentir leur trouble ou leurs attentes. Et là ce n’était pas bon signe. Devant l’absence de réaction de son ancienne amante, elle vint s’asseoir auprès d’elle, sur le même canapé mais à une distance respectable. Elle posa les deux cafés et se mit à s’adresser à la jeune femme, d’un ton mesuré et la voix la moins agressive possible :

- Ecoute, Kyra je sais ce que tu te dis. Tu te dis que tu as été utilisée et tu m’en veux. Tu as raison. Personne ne mérite qu’on joue avec ses sentiments de cette façon. Je te demande pardon, et je veux que tu saches que je me sens coupable de t’avoir menti.

Kyra la fixa droit dans les yeux, et elle sembla s’adoucir. Marine était sincère : elle se sentait mal vis-à-vis d’elle, et la sensibilité de la jeune femme, à fleur de peau depuis les évènements traumatisants dont elle avait été la victime, lui permit de le ressentir. Marine se rapprocha imperceptiblement et continua :

- Je sais que tu doutes de moi, et là encore je ne peux pas t’en vouloir. Mais rends-toi bien compte que même si je ne suis pas celle que tu as cru, je ne suis pas davantage ton ennemie. Je ne suis pas celles qui t’ont fait ça. Si c’était le cas, on ne serait pas en train d’avoir cette discussion, n’est-ce pas ?

Elle prit la main de Kyra, et la serra doucement mais fermement.

- Tu n’as pas le choix. Tu dois nous aider à les retrouver. Toutes, jusqu’à la dernière. C’est la seule chance que tu as de pouvoir retrouver une vie normale. Tu n’as pas envie d’arriver à dormir sans te réveiller en hurlant ? A retrouver la paix ? A ne plus avoir peur ? Je peux t’offrir ça. Mais je te demande, une dernière fois de me faire confiance.

Kyra sembla un long moment confuse, puis elle hocha la tête d’un air résigné.

- Je n’ai pas vraiment le choix c’est ça ? Si je refuse de parler, vous allez me ramener chez moi et elles me retrouveront. Vous, à ce moment, vous serez là et vous les empêcherez de me faire du mal. Mais peut-être que vous n’y arriverez pas, ou que quelque chose ne se passera pas comme prévu, et que non seulement je serai sûrement ramenée là-bas et torturée à mort, mais surtout vous perdrez définitivement votre seule piste. Et vous ne prenez jamais de risque inutile, pas vrai ?

Elle retira sa main de celle de Marine, dont l’air navré confirma à Kyra qu’elle avait vu juste.

- Ca ne fait rien, poursuivit-elle en ponctuant ça phrase d’un petit ricanement ironique. Je ne veux pas en arriver là non plus : je vais tout vous dire. Mais quand ce sera fini, vous me laisserez en paix. Je ne veux plus jamais vous revoir, aucun d’entre vous.

- C’est d’accord.

Kyra fit une pause et ajouta :

- Et si j’ai un conseil à te donner, Marine, c’est de quitter ce boulot de merde que tu fais. Un jour, toi non plus tu n’arriveras plus à dormir.

+ + +​

Au cours des jours suivants, Valérie et Kyra s’étaient progressivement rapprochées, au point de finir par passer leurs nuits enlacées, partageant le même lit. Rien de sexuel, juste une façon de se soutenir mutuellement. Sentir les bras de l’autre autour de sa taille, son souffle dans sa nuque… La confiance de l’autre comme point de repère, c’était devenu important pour elles deux. D’autant plus, comme l’expliqua plus tard Valérie à sa camarade de cellule, que certaines n’avaient pas cette chance. La plupart des détenues s’ignoraient ou se méfiaient trop les unes des autres pour être si proches. Certaines en venaient même à se haïr, ne supportant plus l’image de vulnérabilité extrême que l’autre leur renvoyait d’elles-mêmes. Du coup des bagarres éclataient, parfois en public, et les gardiennes devaient intervenir avec violence. Plus inquiétant, parmi les filles circulaient des rumeurs comme quoi ces rancoeurs accumulées se concluaient tragiquement, en meurtre ou en suicide. La vigilance des gardiennes alliée à leur parfaite connaissance de leurs détenues permettait en général de désamorcer ces situations avant le point critique, mais elles ne pouvaient pas être partout. A l’opposé, il y avait également celles qui tombaient amoureuses l’une de l’autre, et là il fallait faire montre de la plus extrême prudence pour ne pas se faire prendre. Les gardiennes toléraient en général les accolades, ou le fait que les filles se tiennent par la main, mais si deux détenues étaient découvertes en train de s’embrasser, de dormir ensemble, ou pire de faire l’amour, elles étaient non seulement punies, mais elles étaient également transférées dans des quartiers séparés, voire à l’isolement.

Tout cela, Kyra l’apprit au fur et à mesure de sa captivité. Valérie avait raison, les jours finissaient par se confondre les uns avec les autres, de part leur monotonie et leur régularité presque métronomiques. Le matin, les prisonnières subissaient invariablement une séance d’entraînement physique, laquelle était finalement rarement agrémentée de tortures, la première séance ayant eu pour seule vocation de servir d’exemple. Après une douche collective suivait le repas, généralement ponctué par les cris d’une femme suppliciée ou humiliée sur l’estrade. L’après-midi différait de la matinée en cela que les divers traitements infligés aux détenues étaient administrés de façon apparemment aléatoire. Ainsi, elles pouvaient s’attendre à des visites médicales couplées à des injections de produits suspects qui rendaient malade ou confuse, des sessions de tests particulièrement intenses dirigées par Aurélie et son équipe de chercheuses, ou dans le pire des cas, des punitions. Ces dernières étaient souvent à la fois particulièrement cruelles et dégradantes, et étaient presque toutes issues de l’imagination de la gardienne en chef, Marion, laquelle s’en vantait ouvertement auprès de ses victimes. Cette gradation dans les châtiments, et le caractère imprévisible de ceux-ci entretenait la peur parmi les prisonnières, et les gardait sous une pression constante.

Beaucoup craquaient. Privées de la lumière du soleil et de vêtements décents, suppliciées régulièrement, et humiliées sans répit dans un climat délétère de paranoïa générale, la plupart devenaient folles ou tellement faibles qu’elles ne montraient plus la moindre réaction à rien. Dans ce cas, les gardiennes les emmenaient et on ne les revoyait plus jamais. Et puis il y avait les autres, comme Kyra ou Valérie, qui avaient su se bâtir des murs psychologiques de protection, et qui luttaient au quotidien pour conserver un peu de dignité, même dans les pires moments. En retour, elles gagnaient un certain respect de la part de leurs bourreaux, car ces dernières étaient justement en recherche de ce genre de qualités. Ainsi, par un curieux jeu pervers de Darwinisme carcéral, les plus faibles étaient traitées le plus durement, puis on s’en débarrassait une fois qu’elles avaient été irrémédiablement broyées, tandis que les fortes jouissaient d’une relative attention, car leur santé mentale faisait d’elles les meilleures cobayes. C’était autant absurde que monstrueux, mais c’étaient les règles sur lesquelles cet univers étrange était bâti.

Ce jour-là commença comme un jour pareil aux autres. Après le repas, les filles regagnèrent leur quartier et attendirent, anxieuses, qu’on vint les chercher ou non pour une session. Cela avait fait un moment que ni Kyra ni Valérie n’avaient été sélectionnées, et elles ne se faisaient guère d’illusions sur leur destin. Assises sur leurs lits, elles évitaient de se fixer, conscientes qu’elles risquaient de se communiquer leurs angoisses respectives. Ce ne fut que lorsque la porte d’acier pivota sur ses gonds que les deux femmes, la gorge serrée, se lancèrent un dernier regard d’encouragement.

Deux gardiennes entrèrent. L’une d’entre elles portait, négligemment jetée sur l’avant bras, une camisole de force. Sa collègue prit la parole :

- L’une d’entre vous a gagné un ticket pour un test. L’autre… (elle fit une pause en jetant un coup d’oeil appuyé à l’instrument de contention)… l’autre ira rejoindre Marion pour un petit tête-à-tête.

Pendant que les deux prisonnières s’efforçaient de priver leurs geôlières de la satisfaction de laisser paraître leur appréhension, la gardienne consulta un instant son bloc-notes, puis elle désigna Kyra du bout de sa matraque :

- Toi.

La jeune femme se tendit.

- Toi, tu pars rejoindre Aurélie. Ta copine, elle, a rendez-vous avec la chef.

Valérie baissa la tête et se mordit la lèvre : elle supportait relativement bien les tests, mais revenait toujours dévastée lorsqu’elle était passée entre les mains de Marion. Kyra, pour sa part, se demandait ce qui avait bien pu motiver une telle décision. Sa camarade de cellule était une des plus disciplinées parmi les détenues, alors qu’elle-même s’était récemment montrée sensiblement plus rebelle. Peut-être était-ce un jeu pervers pour les monter l’une contre l’autre ? A moins qu’il n’ait pas fallu chercher plus loin que la simple cruauté de la gardienne-chef. Valérie se leva et vint se placer près de celle qui était venue la chercher, laquelle parut un peu déçue de ne pas avoir eu à se servir de la camisole de force. Les deux femmes quittèrent ensuite la cellule, laissant Kyra seule avec l’autre gardienne.

- Bon tu te lèves et on y va ? demanda-t-elle en tapotant nerveusement sa matraque contre le haut de sa cuisse.

La jeune femme s’exécuta, et toutes deux partirent dans les couloirs en direction du secteur de recherche. Comme le voulait la procédure, Kyra précédait la gardienne, de quelque pas. Celle-ci ne la quittait pas des yeux, prête à bondir sur elle si elle faisait mine de s’arrêter, de s’enfuir, ou même de ralentir. Elles croisèrent en chemin plusieurs femmes qui revenaient visiblement d’une séance très intense, car elles étaient portées par leur escorte, incapables de marcher, à la limite de l’inconscience. Kyra ne réagit même pas à cette vision qui en aurait terrifié plus d’une dans sa situation, tant elle s’était endurcie. Les deux femmes finirent par franchir la double porte qui barrait l’accès d’un des blocs de test. A l’intérieur attendait l’équipe que la jeune femme commençait à bien connaître : Aurélie, la médecin chef qui dirigeait les protocoles de test, Tanja la grande blonde impitoyable qui endossait le plus souvent la fonction de tortionnaire, et enfin Marie, la jeune neurologue qui semblait moins à l’aise que ses collègues avec les méthodes en cours à la clinique.

Aurélie accueillit l’arrivée de sa cobaye avec son habituel sourire enjoué. C’était étrange, pensa Kyra, comme ses yeux ressemblaient à ceux de Valérie. Mais là où le regard de cette dernière exprimait la tendresse et le soutien qu’elle portait à sa camarade d’infortune, celui d’Aurélie n’était qu’intérêt et curiosité malsaine. C’était horriblement humiliant d’être détaillée ainsi, telle une bête à l’abattoir. Kyra aurait mille fois préféré que ses bourreaux la haïssent, plutôt qu’ils ne la traitent comme un jouet dont elles pouvaient user et abuser à leur guise jusqu’à ce qu’il se casse.

On lui ordonna d’abord de se déshabiller. Kyra, sans même y penser tant cela était devenu la triste routine pour elle, s’exécuta. Au moment où la séduisante brune lui désigna la table d’opérations qui se dressait au milieu de la pièce, la jeune femme sentit dans son dos la froide caresse inamicale de la matraque de la gardienne l’incitant à s’avancer. Ce qu’elle fit, sans aucune résistance mais sans se départir non plus de sa fierté. Même si elle ne pouvait se soustraire à la torture, elle ne vouait pas leur laisser le plaisir de la voir abattue, même après ces semaines interminables. Elle s’allongea sur le dos, ainsi qu’on le lui intima, et Marie vint aussitôt l’attacher avec les sangles prévues à cet effet. Les rôles étaient toujours bien distribués, de façon pragmatique et scientifique, afin que le supplice se déroule selon un plan précis et ne souffre aucun retard. Kyra fut immobilisée les jambes largement écartées, les deux pieds dépassant au-dessus du vide à une extrémité de la table, tandis que ses deux poignets étaient attachés au dessus de sa tête, les coudes pliés à quatre-vingt dix degrés également entravés. Sa tête avait été laissée libre, ce qui était relativement inhabituel. Enfin la jeune employée termina en lui collant deux petites électrodes sur le front, destinées à mesurer son activité cérébrale, et du même coup l’intensité de ses sensations. Elle alla ensuite rejoindre le pupitre d’où elle pourrait suivre l’évolution des données recueillies en temps réel.

Alors que la gardienne s’éclipsait vers d’autres tâches requerrant ses compétences, Aurélie commença à préparer les injections qui allaient être administrées à la prisonnière. Ce faisant, elle s’approcha de la table, et s’adressa à Kyra :

- Je peux te confier un petit secret ? Il nous tardait de te revoir. Tu es de celles ici qui font les progrès les plus remarquables. Ton dossier est remonté jusqu’au conseil d’administration, et si tout va bien, d’ici quelques jours nous devrions être autorisées à pratiquer sur toi une technique inédite, mise au point par notre équipe. Quelque chose d’assez redoutable je pense, mais surtout d’unique, qui fera de toi notre cas le plus mémorable à ce jour.

Le regard résolu de la prisonnière se teinta d’une imperceptible inquiétude, ce qu’Aurélie ne manqua pourtant pas de remarquer.

- Par contre, au risque de te décevoir, aujourd’hui on va s’en tenir aux protocoles de base, pour être certaines que nous n’avons négligé aucun paramètre…

- Ca vous plaît n’est-ce pas ?

Le ton de Kyra était glacial, et réussit pendant un instant à faire perdre son sourire à la médecin chef.

- Quoi donc ?

- Vous êtes tellement fière de m’annoncer que dans pas longtemps vous allez me torturer à mort que vous ne vous rendez même plus compte de ce que vous dites. Vous n’êtes rien d’autre qu’une criminelle, et toutes celles qui participent à ça sont vos complices. Si vous n’êtes même pas capables de voir ça, j’ai de la pitié pour vous.

Un ange passa. Pendant un long moment Aurélie fixa la jeune femme droit dans les yeux, interdite, tandis qu’aucune des autres femmes de la pièce ne soufflait mot. Puis, lentement, le sourire de l’experte revint progressivement sur son visage.

- Marie ! Veuillez prendre note que je sujet fait montre d’une surprenante résistance psychologique, même après des mois de tests, et ne semble pas montrer les signes de soumission ou de faiblesse caractéristiques de la plupart de ses congénères. N’oubliez pas de signer en tant que témoin de la présente observation.

Kyra n’avait pas espéré échapper à son supplice par cette provocation, mais elle avait imaginé qu’un tel cri du coeur aurait au moins permis de déclencher un semblant de réflexion chez ses tortionnaires. La personne qui les avait recrutées savait visiblement ce qu’elle faisait. La première injection était prête : Aurélie se pencha sur la jeune femme et lui enfonça son aiguille dans le bras gauche, parfaitement immobilisé. A peine l’eut-elle retirée que Kyra ressentait déjà les impressions de vertige, précédant la désorientation typique de la drogue. Méthodique, Aurélie vérifia que le produit faisait effet, avant de remplir une autre seringue, cette fois du liquide opaque aux si terrifiantes propriétés. Elle l’administra à la prisonnière de la même façon, mais n’eut pas besoin d’en contrôler l’efficacité de façon autant approfondie : après une poignée de secondes, Kyra, soudain sous l’emprise d’une irrésistible vague de sensations charnelles, venait de se tendre violemment dans ses liens. Sa peau se couvrit progressivement d’une fine pellicule de sueur qui scintillait doucement sous les puissants néons de la salle d’opérations, et sa respiration s’accéléra tandis que ses mamelons se dressaient visiblement. Une chaleur moite aussi familière qu’irrépressible avait pris possession de son corps et tenaillait son bas-ventre d’une insoutenable montée de désir sexuel. Alors qu’au début de sa captivité, elle avait cru qu’elle s’accoutumerait à cette éprouvante torture à force d’y être confrontée, il semblait finalement à Kyra que les doses de sérum étaient à chaque fois plus importantes, tant chaque séance était pire que la précédente. Et on n’avait même pas encore commencé à la chatouiller…

Les trois médecins contemplèrent pendant plusieurs longues minutes, sans échanger le moindre commentaire, à quel point leur propre création pouvait mettre une jeune femme au supplice. Fascinées, elles observaient ses contorsions désespérées comme un étrange ballet saccadé, dont la musique discordante aurait été ses petits cris irréguliers témoignant de l’intense frustration sexuelle à laquelle elle était soumise. Elles restèrent un temps dans cet état de pures spectatrices, comme hypnotisées. Aurélie fut la première à sortir de sa torpeur et elle jeta aussitôt une série d’ordres brefs à ses deux complices, d’une voix assez forte pour couvrir les gémissements de Kyra qui résonnaient de plus en plus fort.

- Bon allez on se met au travail ! Pas besoin de prendre de gants : on l’a laissée dériver trop longtemps. Maintenant il faut chercher un impact suffisamment important pour contrebalancer la drogue tout en laissant des possibilités de progression.

- Technique 3, ça te va ? lui lança la blonde.

- Oui mais vite, elle risque de franchir un autre pallier si on ne se dépêche pas.

Elle vint s’asseoir sur un tabouret du côté gauche de la table, tandis que Tanja s’installait juste en face. Les deux femmes étaient ainsi de part et d’autre du corps de la suppliciée qui s’agitait toujours dans ses sangles en gémissant. La grande nordique se tourna un instant vers le chariot d’accessoires et s’empara d’un curieux appareil qui avait la forme d’un bâton de plastique souple d’un noir d’encre, d’apparence similaire aux matraques des gardiennes, mais doté sur toute sa longueur de petites pointes non rigides. Elle pressa un bouton et le redoutable engin se mit à vibrer, à une telle vitesse que les pointes qui le hérissaient devinrent invisibles. Puis sans autre forme de procès, elle l’appliqua sur le côté droit de la prisonnière, des aisselles au bas des côtes. Kyra poussa aussitôt un hurlement strident qui se mua rapidement en rire hystérique et fit un bond impressionnant. Il lui semblait que des milliers de doigts agiles s’étaient mis à la chatouiller à l’aisselle et entre les côtes non seulement à la surface de sa peau mais également d’en dessous. Bien qu’ayant les bras et jambes immobilisés, elle n’avait pas d’entraves au torse, et elle en profitait pour essayer de se cambrer ou de se tordre du côté où on ne la chatouillait pas. Evidemment, Tanja la poursuivait malgré tout de son infaillible agilité coutumière, et aucun des gestes de la jeune femme, furent-ils brusques ou soudains ne parvenait à tromper la vigilance de l’experte. La souplesse de l’instrument faisait de plus qu’il s’adaptait parfaitement à la courbe féminine du torse nu de Kyra, ainsi qu’à ses mouvements. Celle-ci, aveuglée par le voile de ses larmes, et les facultés annihilées par les drogues et la torture, perdait une fois de plus pied avec la réalité. Lentement, très lentement, Tanja fit onduler son ustensile, tel un monstrueux serpent, sur le corps de sa victime, le faisant passer en rampant sur le ventre et les hanches, le long du haut des cuisses, puis remontant en direction de la poitrine en évitant soigneusement le sexe, pour aller lui torturer les seins en se lovant autour d’eux ou glisser entre, et finalement revenir sur les côtes en passant par les aisselles. Puis devant le terrible résultat obtenu, elle recommença. Lentement, toujours lentement, pour faire durer les sensations le plus longtemps possible et rendre la victime folle d’anticipation, celle-ci pouvant apprécier dans toute son horreur la perspective de sentir l’instrument se rapprocher d’un point faible où il n’allait pas manquer de s’attarder durant d’interminables instants, avant de revenir après avoir torturé d’autre zones sensibles.

Juste au moment où Kyra, dévastée par les chatouilles, pensa qu’elle devait avoir touché le fond, elle sentit un second appareil se mettre en marche à la surface de son épiderme déjà électrisé. Incroyablement, les sensations générées par chacun d’entre eux ne se confondaient pas mais étaient au contraire parfaitement distinctes, augmentant l’intensité de son supplice de façon exponentielle. A ce stade, la jeune femme n’était plus qu’un cri. Incapable de la moindre pensée cohérente, se corps nu ne se mouvait plus que par purs réflexes musculaires, tressautant comme un poisson hors de l’eau qui cherche désespérément à respirer, et dont l’agonie se serait prolongée à l’infini. Et lorsque par miracle les tortionnaires faisaient une rare erreur dans leurs attouchements destructeurs, accordant un répit inespéré à leur victime, son sexe en feu se chargeait de lui rappeler que la drogue agissait toujours, avant que cette sensation éphémère mais atroce de frustration ne soit submergée à son tour par une reprise sans concession du supplice des chatouilles.

Evidemment, personne ne pouvait endurer un tel traitement sans voir son corps céder. Kyra fit un premier évanouissement au bout d’une heure, et sa perte de connaissance fut tout de suite signalée par Marie qui gardait un œil attentif sur les paramètres cérébraux de leur victime. Tanja sortit sans attendre une ampoule de verre d’une des poches de sa blouse et l’écrasa prestement sous le nez de Kyra, faisant tomber à l’aplomb de celui-ci quelques gouttes d’un liquide collant. L’odeur infecte qui envahit aussitôt les sinus de la jeune femme la ranima instantanément, et avant qu’elle ne comprenne qu’elle venait de s’évanouir, ses bourreaux reprirent immédiatement le cours du supplice. Même les limites imposées par son corps ne semblaient pas une raison suffisante de lui accorder la moindre pitié. Plus tard, bien plus tard, ses forces l’abandonnèrent de nouveau, et elle fut réveillée sans ménagement selon la même méthode éprouvée. Ce ne fut que lors du neuvième malaise que Marie signala que la machine avait collecté suffisamment de données et qu’elles pouvaient laisser leur cobaye récupérer un instant.

+ + +​

Kyra était la proie d’un horrible cauchemar. Dans son rêve, une irrésistible envie d’onanisme tenaillait chaque fibre de son corps nu et offert mais elle était incapable de se soulager. Ses mains ne lui obéissaient plus et ses jambes refusaient de la porter. Elle pouvait distinguer au loin les silhouettes d’hommes et de femmes qui la regardaient souffrir, puis se détournaient et passaient leur chemin. Elle savait que ces gens comprenaient ce qu’elle était en train d’endurer, mais qu’ils refusaient en connaissance de cause de lui accorder cette grâce. Elle s’époumonait, dans un premier temps, les appelant pour qu’ils viennent plus près. Puis à mesure que les sensations de désir devenaient plus insupportables, elle se mettait à les supplier sur un ton de plus en plus larmoyant et pathétique de venir mettre un terme à son calvaire. Homme ou femme, peu importait, il fallait juste qu’elle jouisse, qu’elle jouisse enfin. Elle n’avait plus la moindre dignité, plus la moindre once de respect pour elle-même. Elle hurlait qu’elle était prête à tout pour qu’on lui accorde un orgasme, un seul, et ses cris se muaient progressivement en râles inintelligibles. Et au bout d’un temps infini passé à subir cette torture, elle réalisa soudain avec horreur que l’aide dont elle avait désespérément besoin ne viendrait jamais. Ceux qui auraient pu la délivrer la regardaient comme ce qu’elle était : une bête, un animal pris au piège de son propre corps qui ne pouvait espérer rien de mieux que la mort, et certainement pas la compassion. Une telle considération était l’apanage du monde des Hommes, auquel elle n’appartenait désormais plus. Elle hurla, et hurla encore. Ses cris étaient tout ce qu’il lui restait.

- C’est bon, elle émerge.

Alors qu’elle ouvrait les yeux Kyra fut aveuglée par le faisceau d’une petite lampe médicale braquée sur son iris. Elle cilla, et la lumière disparut. Aurélie lui lâcha aussitôt le menton et rangea son instrument dans sa poche.

- De retour parmi nous ma chérie ? Tu es contente qu’on t’aie laissée un peu dormir j’espère ? Comme ça au moins tu as pu te reposer un peu pour la deuxième manche.

Alors que la prisonnière reprenait peu à peu le contact avec la réalité, elle réalisa que si l’excitation sexuelle s’était légèrement amoindrie, passant de l’intolérable au tout juste supportable, elle était toujours attachée sur la table d’opérations, et dans la même position. On avait en revanche complété son bondage pour le rendre plus restrictif : deux épaisses sangles interdisaient maintenant tout mouvement à son torse, et seule sa tête était restée libre. Lorsqu’elle essaya de remuer les pieds, Kyra prit conscience qu’eux aussi étaient parfaitement immobilisés. Dressant la nuque, elle remarqua que deux étriers amovibles avaient été encastrés à l’extrémité de la table et que de petites cordelettes entravant ses orteils y étaient liées. Un tel ligotage étirait ses orteils en arrière et les maintenaient écartés, provoquant une tension optimale de la plante des pieds. Elle frissonna : elle ne savait que trop bien quel genre de torture cela impliquait.

Les trois médecins passèrent un moment à commenter les chiffres enregistrés lors de la séance précédente, quand soudain Aurélie, mue par une soudaine inspiration, interrogea Marie :

- Il y a moyen de savoir de quoi elle a rêvé ?

Marie s’éclaircit la gorge et expliqua :

- Avec la machine, non pas vraiment. Les courbes ne retranscrivent que l’activité cérébrale, ainsi que la nature de celle-ci, non pas le contenu de ses pensées. Je peux seulement dire qu’elle a effectivement été en sommeil paradoxal durant 13 minutes entre 29 et 42 minutes après la fin du test. Cependant…

- Cependant ?

Aurélie leva un sourcil de curiosité devant l’hésitation de sa subordonnée.

- Cependant, durant cette période donnée, elle a parlé. Enfin, murmuré plus exactement. Et même si le gros de ce qu’elle disait m’a échappé, j’ai pu me rapprocher et entendre certaines bribes plus intelligibles que d’autres.

- Que disait-elle ?

- Eh bien je suis toujours mal à l’aise pour émettre un jugement définitif : je ne suis pas une spécialiste de l’interprétation des rêves. Mais elle a clairement demandé à ce qu’on la fasse jouir. A de multiples reprises, et sur un ton très implorant, ça j’en suis sûre. Après reste encore de nombreuses inconnues, comme par exemple la nature de ce « on », qui…

Aurélie planta là la neurologue dont la capacité à faire un rapport synthétique n’avait jamais été très développée, et vint se pencher auprès de la prisonnière. Fixant cette dernière d’un regard presque ému, elle déclara d’un ton étrangement solennel :

- Pas besoin de me faire une conférence. Ca veut dire que la mise au point de la drogue est pratiquement achevée. Mesdames, nous pouvons êtres fières de nous. Il reste encore à faire plusieurs autres tests pour valider l’essai, mais ça nous confirme que nous étions sur la bonne voie depuis le début : les dernières composantes permettent à la molécule de se disséminer, certes moins vite, mais plus profondément dans les zones corticales. Et une fois fixées sur les récepteurs, elles peuvent continuer de provoquer la stimulation même en état de sommeil paradoxal. Quand je vais annoncer ça au conseil d’administration…

Les trois femmes échangèrent des regards emplis de satisfaction, et même Marie qui ne semblait pas particulièrement goûter les séances de torture semblait soulagée, et même ravie. Pendant un fugace instant, Kyra pensa même que ses tortionnaires n’auraient plus besoin de la torturer et qu’elle allait être reconduite à sa cellule. Mais ses fols espoirs moururent à l’instant où Aurélie se tourna à nouveau vers elle. Ses yeux n’étaient que prédation, et n’étaient certainement pas ceux de la bienveillance.

- Tu t’en es rendue compte : aujourd’hui nous avons fait un grand pas, grâce à toi. Pour te prouver notre gratitude, nous allons réaliser ton rêve.

Sur un geste de sa collègue, Tanja approcha le chariot d’accessoires. Aurélie fit mine d’hésiter, puis arrêta son choix sur un petit objet, grand d’à peine une vingtaine de centimètres. Mis à part ses dimensions plus modestes il ressemblait trait pour trait à l’instrument dont les femmes s’étaient servies pour torturer le torse de Kyra quelques heures plus tôt. Celle-ci le reconnut immédiatement, et laissa échapper un bref cri horrifié avant de se reprendre, hélas trop tard.

- Je n’ai visiblement pas besoin de faire les présentations, ricana Aurélie. Tu as vu ce que cette merveille est capable de provoquer à fleur de ta jolie peau. Maintenant Kyra, imagine, imagine seulement ce qu’il est capable de te faire… une fois en toi.

Le cœur de la jeune femme sauta un battement ; elle blêmit.

- La drogue ne semble pas avoir altéré ton imagination. Tant mieux, puisqu’on va te faire une autre injection. Tanja, une demie dose pour la demoiselle, histoire de lui donner le petit coup de fouet dont elle a besoin.

Alors que la belle nordique préparait une nouvelle seringue, Kyra secouait la tête faiblement de droite et de gauche. « Non » murmurait-elle d’une voix blanche. « Non, pas ça, non, non, non, non, non, non, non, non… ». Cela ressemblait davantage à une incantation qu’à une supplique. La volonté de fer de la pauvre fille avait été réduite à néant, autant par les tortures physiques que psychologiques de l’équipe médicale. Alors que Tanja s’approchait en brandissant l’aiguille d’où gouttait le terrible produit, Kyra réalisait à quel point sa situation était désespérée et son cœur sombrait dans l’abyme. Elle ne sentit pas la pointe invasive s’enfoncer en elle, mais elle perçut le liquide qui coulait dans son bras, courant sous sa peau par les vaisseaux sanguins pour venir propager le poison dans son cerveau déjà hyper stimulé. Une nouvelle vague de chaleur moite inonda son bas-ventre et elle ressentit la frustration électriser ses neurones au point de lui faire perdre la raison.

Aurélie décida de la torturer le plus possible. Elle alluma son instrument, mais au lieu de s’en servir pour pénétrer sa victime de suite, elle le déposa à plat sur le pubis de Kyra, à moins d’un pouce de sa vulve, et croisa les bras pour contempler le spectacle. La pauvre fille se tortilla comme une damnée pour gagner ces précieux millimètres qui lui permettraient, sinon de se soulager, au moins d’apporter un peu de répit à son sexe en feu. Les vibrations la chatouillaient horriblement, mais l’agacement n’était pas suffisamment fort pour compenser le désir qui avait pris possession de tout son être. Malheureusement les sangles étaient les plus fortes, et la jeune femme devait se contenter de fixer l’objet inaccessible d’un regard fou, haletante.

Enfin, au bout d’une éternité, Aurélie consentit à ramasser l’instrument de torture et, écartant des doigts les lèvres du sexe de sa victime, le plongea en elle avec une lenteur exagérée. La surprise de Kyra fut à la hauteur de sa déception : si à la surface de son épiderme les vibrations des pointes souples donnaient l’impression d’être susceptibles de la faire jouir, le contact avec les muqueuses révéla la véritable et cruelle raison d’être du petit ustensile. A savoir porter le supplice des chatouilles au cœur de l’intimité de la prisonnière. Le toucher était beaucoup trop léger pour provoquer l’orgasme tant que l’appareil était tenu hors de portée du clitoris, mais par contre il provoquait au cœur du vagin des sensations de chatouilles dont l’intensité était comparable à celle d’une brosse à dents électrique sous la plante des pieds. Kyra poussa un hurlement suraigu dont l’intensité était nourrie de la plus grande frustration qu’il était possible d’avoir. Aurélie se moqua d’elle :

- Eh oui ma jolie, il faut faire attention à ce que l’on souhaite…

Kyra ne l’entendit même pas tant sa gorge était déchirée par les rires forcés et désespérés entrecoupés de cris de désir. Sa tortionnaire se mit à effectuer des mouvements de va-et-vient qui firent franchir à la prisonnière les portes de l’enfer. Littéralement sciée en deux à la fois par l’excitation sexuelle et l’exaspération insoutenable qui la violait au plus profond de son être, tout ce qu’il lui restait de volonté individuelle se désagrégea avec une brutalité sans nom. Kyra quittait un monde de raison pour venir se noyer dans celui des sens, où résister ne signifiait rien, où elle était à la merci de sensations qui la rendaient folle. Pas d’échappatoire possible, pas de milieu, pas de fin, juste la torture. Juste la torture.

Cette fois-ci aucun évanouissement ne vint la sauver : même son corps semblait l’avoir abandonnée entre les mains de ses bourreaux. C’est alors que, progressivement, les sensations s’atténuèrent. A la violence du supplice se substituait une brume grise qui enveloppait petit à petit la suppliciée d’un engourdissement salvateur, annonciateur du repos. C’était comme si une main invisible était en train de déconnecter un à un les fils qui la retenaient à la vie. Le repos, enfin. Kyra l’accueillait avec reconnaissance.

Fin de la troisième partie
 
Et comment qu'elle me plaît ! J'adore cette nouvelle partie, toujours aussi bien écrite. Tenebrae, ou le véritable plaisir de lire des histoires. "La suite ! La suite !" scande la foule en délire...
 
Et comment qu'elle me plaît ! J'adore cette nouvelle partie, toujours aussi bien écrite. Tenebrae, ou le véritable plaisir de lire des histoires. "La suite ! La suite !" scande la foule en délire...

Haha merci beaucoup :aww: Je vais tâcher d'éviter le lynchage, alors (c'est le petit inconvénient avec les foules en délire) et transformer l'essai - oui, je viens du sud-ouest.

Au delà de l'humour douteux d'un pauvre garçon harrassé par la tâche et ses fans en colère, merci tout de même de ton soutien. Tu sais qu'il compte pour beaucoup. La suite la semaine prochaine, voire ou ce week-end si j'ai le temps.

@ bientôt !
 
Je propose que tu ne l'envoies qu'à ceux et celles qui auront laissé ici un petit commentaire concernant cette troisième partie. En message privé. Sourire.

A quand la "publication" de tes écrits sur TheBookEdition ?
 
Je propose que tu ne l'envoies qu'à ceux et celles qui auront laissé ici un petit commentaire concernant cette troisième partie. En message privé. Sourire.

A quand la "publication" de tes écrits sur TheBookEdition ?

Haha, voilà un moyen original de lutter contre les "peeping toms". Je serais bien tenté de suivre ton conseil...

Pour ce qui est de TheBook (en admettant que ce ne soit pas une vanne ;)), je ne crois pas avoir suffisamment de matière pour en remplir un livre. Tu dois me confondre avec Peheff, qui a écrit pas moins de 13 histoires, lui. Sourire. Après sur le principe je ne dis pas non évidemment, mais peut-être que d'ici là j'aurai un "vrai" éditeur ? N'oublie pas d'enregistrer le "Ce soir ou jamais" du jour de mon passage dans ce cas...
 
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