_ Vous vous prétendez le meilleur des «*ticklers*» de Paris. Seriez vous en mesure de le prouver ?
_ Est ce un défi ?
_ Très clairement, oui.
Il n'y avait pas dix minutes qu'elle m'avait ajouté à ses contacts, et déjà elle attaquait franc jeu. Son profil MSN n'indiquait rien. Je n'avais que son pseudo : DLFT. Desperately Looking For Tickling. Tout un programme.
Il ne fallut pas une heure de discussion pour qu'elle me donne un rendez-vous dans un bar branché du Marais.
Farce, piège ou réel cadeau du ciel ? J'avais peu de temps pour me préparer et peu de choses à perdre. Une douche, une chemise fraîchement repassée, un costume léger, et me voilà parti dans la douceur d'une nuit de juin.
Alors que les stations de métro défilent, la voix que j'ai brièvement entendue dans le casque de mon ordinateur résonne encore dans ma tête. Une voix surprenante, légère et gaie. Jeune, presque trop jeune.
Un peu plus tard, je m'installe sur un des tabourets du comptoir. Tandis que le serveur me prépare un gin-fizz, je me retourne pour scruter la salle. Il ne me faut que quelques secondes pour la repérer. Seules, près d'une table, une paires de bottes noires lacées sur le devant. Une plume est savamment glissée entre les boucles du lacet gauche. Négligemment croisées, les jambes attendent. Au dessus d'elles, dans une petite robe noire et argent, une jeune femme sirote dans un verre coloré. Blonde, les cheveux tirés dans un chignon sophistiqué, elle relève la tête quand un inconnu l'aborde. En deux mots, elle renvoie l'intrus.
Son regard se pose sur moi. Sa cheville fait un délicat mouvement de rotation comme pour m'inviter à m'approcher. Le regard fixé sur la semelle rouge de ses bottes, je me dirige vers sa table.
_ Vos Louboutins sont hypnotisantes, Mademoiselle.
_ Monsieur est connaisseur en chaussures également ?
Je retrouve la petite voix mutine de MSN. Elle me sourit presque naïvement. Une petite vingtaine, le visage fin, décoré de quelques tâches de rousseur.
Rapidement notre conversation s'enchaine. Elle, jeune fille d'un milieu plus qu'aisé. Jeunesse dorée qui a tout vu à vingt ans et cherche le sel de la vie dans les excès et les expériences hors normes. Je suis une expérience hors normes. Soit. Le temps passe. Après quelques verres, elle finit par m'inviter dans son appartement. Je me promets intérieurement d'essayer de m'éloigner le plus possible de la norme pour cette proie si facile.
L'immeuble est bourgeois, à la hauteur de mon hôte. Dans l'ascenseur, elle me susurre que les étages sous son appartement sont vides. Les propriétaires font refaire leur duplex de 300 mètres carrés pendant leurs vacances à Miami.
_ Comme ça, je pourrais crier autant qu'il le faudra.
Pauvre petite, si tu savais ce qui t'attends.
Elle se laisse tomber dans le canapé design et croise ses jambes. J'adore ces gambettes si bien galbées par ses bottes à talons.
_ Et si tu me déchaussais ici, avant qu'on passe dans la chambre ?
_ Ce sera le seul ordre auquel j'obéirai cette nuit.
A genoux, je prends sa jambe sur ma cuisse. A travers le cuir, je caresse cette cheville qui sera bientôt fermement ligotée. Ma main remonte sur son mollet, et je commence à tirer la fermeture. Pourtant je sens une faiblesse dans mon bras. Je ne parviens pas à retirer la botte. Ma tête tourne. La botte devient floue. Je relève mon regard vers le sien. Elle me sourit. Sa voix est lointaine.
_ Bonne nuit. A très bientôt.
J'essaye de parler, mais brusquement tout devient noir.
(à suivre)
_ Est ce un défi ?
_ Très clairement, oui.
Il n'y avait pas dix minutes qu'elle m'avait ajouté à ses contacts, et déjà elle attaquait franc jeu. Son profil MSN n'indiquait rien. Je n'avais que son pseudo : DLFT. Desperately Looking For Tickling. Tout un programme.
Il ne fallut pas une heure de discussion pour qu'elle me donne un rendez-vous dans un bar branché du Marais.
Farce, piège ou réel cadeau du ciel ? J'avais peu de temps pour me préparer et peu de choses à perdre. Une douche, une chemise fraîchement repassée, un costume léger, et me voilà parti dans la douceur d'une nuit de juin.
Alors que les stations de métro défilent, la voix que j'ai brièvement entendue dans le casque de mon ordinateur résonne encore dans ma tête. Une voix surprenante, légère et gaie. Jeune, presque trop jeune.
Un peu plus tard, je m'installe sur un des tabourets du comptoir. Tandis que le serveur me prépare un gin-fizz, je me retourne pour scruter la salle. Il ne me faut que quelques secondes pour la repérer. Seules, près d'une table, une paires de bottes noires lacées sur le devant. Une plume est savamment glissée entre les boucles du lacet gauche. Négligemment croisées, les jambes attendent. Au dessus d'elles, dans une petite robe noire et argent, une jeune femme sirote dans un verre coloré. Blonde, les cheveux tirés dans un chignon sophistiqué, elle relève la tête quand un inconnu l'aborde. En deux mots, elle renvoie l'intrus.
Son regard se pose sur moi. Sa cheville fait un délicat mouvement de rotation comme pour m'inviter à m'approcher. Le regard fixé sur la semelle rouge de ses bottes, je me dirige vers sa table.
_ Vos Louboutins sont hypnotisantes, Mademoiselle.
_ Monsieur est connaisseur en chaussures également ?
Je retrouve la petite voix mutine de MSN. Elle me sourit presque naïvement. Une petite vingtaine, le visage fin, décoré de quelques tâches de rousseur.
Rapidement notre conversation s'enchaine. Elle, jeune fille d'un milieu plus qu'aisé. Jeunesse dorée qui a tout vu à vingt ans et cherche le sel de la vie dans les excès et les expériences hors normes. Je suis une expérience hors normes. Soit. Le temps passe. Après quelques verres, elle finit par m'inviter dans son appartement. Je me promets intérieurement d'essayer de m'éloigner le plus possible de la norme pour cette proie si facile.
L'immeuble est bourgeois, à la hauteur de mon hôte. Dans l'ascenseur, elle me susurre que les étages sous son appartement sont vides. Les propriétaires font refaire leur duplex de 300 mètres carrés pendant leurs vacances à Miami.
_ Comme ça, je pourrais crier autant qu'il le faudra.
Pauvre petite, si tu savais ce qui t'attends.
Elle se laisse tomber dans le canapé design et croise ses jambes. J'adore ces gambettes si bien galbées par ses bottes à talons.
_ Et si tu me déchaussais ici, avant qu'on passe dans la chambre ?
_ Ce sera le seul ordre auquel j'obéirai cette nuit.
A genoux, je prends sa jambe sur ma cuisse. A travers le cuir, je caresse cette cheville qui sera bientôt fermement ligotée. Ma main remonte sur son mollet, et je commence à tirer la fermeture. Pourtant je sens une faiblesse dans mon bras. Je ne parviens pas à retirer la botte. Ma tête tourne. La botte devient floue. Je relève mon regard vers le sien. Elle me sourit. Sa voix est lointaine.
_ Bonne nuit. A très bientôt.
J'essaye de parler, mais brusquement tout devient noir.
(à suivre)