Le cadeau (histoire)

C'était sa pause déjeuner. Sandra s'était assise sur un banc du square non loin de son bureau. Mais étrangement, elle n'entamait pas son repas. La jeune femme jetait des regards tout autour d'elle. Soudain, son attention se porta sur un objet noir, au pied d'un buisson. Un objet à peine visible. Elle se leva, se dirigea vers le buisson et ramassa le sac plastique dissimulé dans les feuillages.

Fidèle admirateur avait donc dit vrai. Sandra se rassit sur son banc. Fidèle admirateur avait promis via MSN de déposer un cadeau à l'intention de Joli Soulier.
Joli Soulier était le pseudo sous lequel Sandra tenait un blog. Véritable passionnée de chaussures, elle y exposait sa collection. Fidèle admirateur l'avait contactée, et ils échangeaient depuis des mois une courtoise correspondance, jusqu'à ce qu'il lui propose un cadeau.
Elle se doutait bien de ce que contenait ce sac. Elle en retira une boite à chaussures grise, sans signes, ni marques, ainsi qu'une petit enveloppe.

Le petit message qui accompagnait le carton ne comportait que ces quelques mots : "Petit présent d'un admirateur".

Sandra, perplexe, ouvrit le paquet, et fût agréablement surprise : une magnifique paire de sandales Manolo Blahnik.



La jeune femme était aux anges. Bien que sa récente promotion dans son entreprise lui avait donné plus de moyens pour agrandir sa collection de fashion victim, elle n'avait pas de chaussures de la marque du célèbre espagnol.

Sandra releva la tête et scruta dans le square avec l'espoir de voir son Fidèle admirateur. Mais elle ne vit qu'une mère et ses enfants. A l'entrée du petit parc, apparut Delphine, une de ses collègues. Toutes deux étaient en froid. Sandra soupira, referma la boite et repartit en direction de son bureau en prenant soin de faire un détour pour éviter de croiser cette pimbêche.

De retour dans son bureau, elle ferma la porte derrière elle, et se précipita sur son micro. Tandis que MSN se lançait, Sandra déballa les sandales et les posa devant elle sur son bureau.
Fidèle admirateur était connecté.

_ Merci. Elles sont superbes. Vous n'auriez pas du.
_ Comment ça ? Elles étaient faites pour vous.
_ Oui, mais c'est trop.
_ Mais non. Les avez vous essayé au moins ?
_ Non pas encore.
_ Faites alors.

Sandra retira ses escarpins fermés, puis ses bas. Heureusement, elle sortait de chez l'esthéticienne. Ses jambes fuselées qui émergeaient de sa jupe tailleur étaient magnifiques, et ses orteils délicatement coupés et vernis d'un rouge cerise.

_ J'espère que le 38 vous ira.

La jeune femme glissa ses pieds dans les deux écrins de cuir et de satin. Doucement, elle remonta le zip sur ses talons. Elle roula des chevilles pour admirer ses pieds.

_ Ca a l'air d'aller.

Sandra se releva et fit quelques pas dans son bureau. Voilà ce qui était formidable avec les chaussures haut de gamme : malgré leur talon, elles étaient si confortables. Après avoir fait quelques aller et retours comme un mannequin, elle retourna sur son clavier.

_ Extraordinaires. Je les adore.
_ Vraiment ? J'en suis ravi.
_ Je ferais quelques photos rien que pour vous.
_ Avec plaisir. Je dois vous laisser, vous et vos sandales pleines de surprises.

(à suivre)

Bravo, cette histoire promet pour la suite. Je suis étonné qu'il n'y ai pas plus de commentaires...

Merci Frenchtkl

Sandra resta quelques minutes à admirer ses sandales, toute ravie. Elle fut tirée de ses rêveries par quelqu'un qui frappait à la porte. La tête de Delphine apparût dans l'entrebâillement.
_ Je peux ?
Sandra, un peu agacée, lui fit un geste pour entrer.
_ Le chef m'a demandé de faire vérifier ce dossier par quelqu'un de plus ancien. Alors j'ai pensé à toi.
_ Maintenant ?
_ Oui, il veut le présenter au client cet après-midi.
Sandra tendit la main pour récupérer le dossier, et s'installa à son bureau pour l'ouvrir. Sa collègue s'assit en face d'elle.
La jeune femme se plongea dans le lecture, énumérant quelques corrections. Au bout de quelques minutes, une étrange sensation lui vint de ses pieds. Elle ressentit comme un frisson sous sa voute plantaire. Elle sursauta légèrement, changea de position ses jambes. Le frisson revint. Elle décroisa et recroisa ses jambes. Une troisième fois, elle sentit de nouveau frissonner sa peau. Elle reposa ses pieds bien à plat, et frotta ses pieds sur le sol, comme pour faire partir des fourmis. Elle essaya même d'étirer ses pieds, mais les lanières des sandales étaient plutôt bien tendues et serraient étroitement ses orteils.
Soudain, la sensation fut plus vive. Sandra laissa échapper un petit cri, puis un gloussement. Quelque chose lui chatouillait le creux de ses pieds.
Inquiète, Delphine demanda :
_ Euh, il y a une grosse erreur ?
Sandra se pinça les lèvres.
_ Euuh. Non, pas du tout.
Les chatouillements montaient en intensité. La jeune femme essaya d'abord de se gratter à travers la semelle avec son autre pieds, mais cela ne la soulagea qu'un peu. Elle grimaça en fermant les yeux et en étouffant un rire.
_ Qu'est ce qu'il y a ?
Sandra se pinça la main, les yeux légèrement humides.
_ Rien, c'est trèès boon.
Elle toussa.
_ Ca iraaa. Referme la porte en sortant.
Elle se pinça encore plus fort sous le bureau. Ses jambes donnèrent une vive ruade incontrôlée alors que Delphine sortait de la pièce.
_ Mais qu'est ce que ...
Sandra laissa échapper un éclat de rire. C'était comme si quelque chose la chatouillait furieusement sous les pieds. Elle se débattit comme pour échapper à un agresseur invisible, et tomba de son fauteuil.
_ Ahahaaa ...
Elle riait aux éclats, en se trémoussant par terre. Tout en luttant contre ces chatouilles devenues insupportables, elle essaya de retirer les sandales. La fermeture sur le talon semblait coincée. Impossible de la baisser.
_ Mais. Nonaaaaahhahaha ...
Sandra tira de toutes ses forces sur les chaussures sans arriver à les retirer. Elle gigotait sur le sol. Elle se plaqua une main sur la bouche pour étouffer ses rires et ses cris. En titubant, elle se rua sur la porte de son bureau pour la fermer à clé, puis elle se laissa retomber au milieu de la pièce, en se tordant toute seule sur la moquette. Malgré sa main sur sa bouche, elle avait de plus en plus de mal à dissimuler ses cris. La jeune femme ramassa ses bas derrière son bureau, en roula un en boule qu'elle mit dans sa bouche et utilisa le second comme bâillon.
Son corps se débattit furieusement sur le sol, comme si il était envouté. Elle essayait toujours d'arracher les chaussures, mais avait de plus en plus de mal à coordonner ses mouvements. Heureusement ses bas étouffaient bien ses cris.
Pendant de longues minutes, Sandra se roula par terre, fouettant l'air de ses longues jambes galbées. Mais rien n'y faisait : cette horrible torture se poursuivait. La jeune femme était rouge, commençait d'étouffer, son chemisier trempé de sueur lui collait à la peau.
Soudain, les chatouilles disparurent. Sandra, épuisée, resta allongée de longues minutes sur le sol, pour récupérer.

Sandra reprit son souffle lentement. Elle se releva doucement, et se rassit sur son fauteuil. La plante de ses pieds fourmillait encore. Sur l'écran de son ordinateur était apparue la fenêtre d'un message.

- Fidèle admirateur : Alors, comment trouvez vous ma surprise ?

Terrorisée, la jeune femme tapa sur son clavier en tremblant.

- Joli soulier : Mais qu'est ce que c'est ? Vous êtes fou ? J'ai cru mourir !
- Fidèle admirateur :
- Fidèle admirateur : Ce sont des sandales très spéciales. La semelle est équipée d'un dispositif miniaturisé capable de stimuler les nerfs par de petites décharges électriques inoffensives.
- Joli soulier : Inoffensives !?
- Fidèle admirateur : Oui, elles ne peuvent provoquer qu'un léger chatouillement.
- Joli soulier : Mais, pourquoi ?
- Fidèle admirateur : Il faut bien que moi aussi, je tire un petit plaisir de notre échange.
- Joli soulier : Comment je les enlève ?
- Fidèle admirateur : Les enlever ? Pourquoi ? Le jeu ne fait que commencer.
- Joli soulier : Pitié !
- Fidèle admirateur : Pitié ? Peut être, mais pas maintenant.

Une autre fenêtre s'ouvrit.

"15h00 : Réunion mensuelle, salle de direction"

Sandra regarda sa montre. 15 minutes. Elle ne pouvait pas manquer cette réunion importante. Elle se leva brusquement, ouvrit une armoire et récupéra un chemisier propre. Puis elle sortit de son bureau et se dirigea vers les toilettes. Là, elle changea son chemisier trempé de sueur, se passa de l'eau sur le visage. Elle se recoiffa et se remaquilla, avant de retourner à son bureau récupérer son ordinateur portable et de se rendre à l'étage de la direction.
Arrivée un peu en avance, elle choisit de s'assoir non loin de la porte, juste au cas où. Petit à petit, la salle se remplit de tous les cadres de la société. A 15h précises, le directeur adjoint commença son exposé.