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Il Etait une Fois dans l'Est, partie II, Finale

Tenebrae

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Mar 21, 2005
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Voici donc la suite de mon histoire. Les mêmes commentaires que précédemment s'appliquent. Sachez également qu'elle fera l'objet d'une suite, vous comprendrez pourquoi en lisant la fin, mais cela viendra plus tard car pour l'instant je suis concentré sur un autre récit qui se déroulera dans un tout autre contexte. En attendant, enjoy !



Anya, la compagne fidèle

Anya n’arrivait pas à dormir. Seule dans son grand lit, malgré les volets clos, elle entendait distinctement la voix de son amant qui hurlait son tourment et suppliait ses bourreaux. Elle essayait de ne pas y penser mais elle n’y arrivait pas. Le son n’était pourtant pas particulièrement puissant, mais il était aussi obsédant qu’un murmure permanent et semblait s’infiltrer par tous les interstices des murs de la chambre. Les Voïvodes avaient eu de tous temps la réputation de commander au vent et la légende semblait être on ne peut plus réelle en cette nuit troublée. Dès le début de la révolte, Anya avait su comment cela se terminerait. Elle avait tout tenté pour dissuader Alexei, mais elle n’était parvenue qu’à renforcer sa détermination. Même lorsqu’elle avait menacé de le quitter s’il tentait de mettre son projet à exécution, il avait ri et lui avait répondu qu’elle n’en ferait rien car elle l’aimait trop.

Et c’était vrai, Anya était amoureuse de son homme. Ils s’étaient désignés l’un l’autre sans que quiconque en décide autrement. Personne n’avait osé s’opposer à l’union des deux jeunes êtres, tellement leur choix avait semblé couler de source. Anya était faite pour Alexei et Alexei pour Anya, il n’y avait eu rien d’autre à dire. Et c’est pour cette raison qu’Anya souffrait tant de son impuissance à changer les choses. Depuis que la torture du jeune homme avait commencé, elle en avait suivi chaque instant sans pouvoir intervenir d’une quelconque façon et cela la désespérait. Alors qu’il avait été là chaque fois qu’elle avait eu besoin de lui, elle était prostrée, dans leur chambre, à attendre. Elle sanglota. Pourquoi était-ce arrivé ? Pourquoi n’avait-elle pas pu l’empêcher de tomber entre les griffes de Dame Cerveni ? Pourquoi tant de cruauté envers un simple homme du peuple ?

Les cris faiblirent peu à peu, puis s’éteignirent, signalant la fin du supplice. Il y en aurait un autre le lendemain soir. Et encore. Et encore, jusqu’à ce que le corps du prisonnier ne le supporte plus ou que ses bourreaux se lassent de lui. La Voïvode voudrait faire un exemple. Le silence revenu, Anya sécha ses larmes et se calma. Elle se sentait… vide, comme si elle en était arrivée à épuiser ses réserves émotionnelles. Une nouvelle détermination monta en elle, et elle prit une décision. Elle n’allait pas laisser Alexei seul dans une telle situation. Ils avaient toujours été deux, et ils continueraient à l’être, même si cela signifiait leur fin. Alexei était déjà condamné, et elle préférait mourir à ses côtés plutôt que de passer le reste de sa vie sans lui. Elle avait peur des tortures qu’on ne manquerait pas de lui faire subir, mais l’amour de son amant était le plus fort. Elle irait le réclamer dans l’antre même de sa tortionnaire.

Anya se leva et enfila rapidement une tenue confortable constituée d’une veste, d’un pantalon et d’une paire de bottes en cuir souple. Une tenue plus féminine aurait pu la gêner au cours du trajet. Elle attacha ses cheveux auburn en queue de cheval et sortit sans bruit de la maison. Le reste fut facile. Elle quitta le village en évitant les miliciens chargés de la sécurité et se dirigea vers la forêt. Elle marcha une bonne heure sur la route forestière qui menait à la colline où se dressait le château de la Voïvode. Elle sortit enfin des bois et put contempler la majestueuse, quoique sinistre demeure de la terrible Dame. Devant la forteresse inébranlable, on avait dressé une trentaine de pals qui serviraient certainement pour la poignée de fous qui avaient accompagné Alexei dans son combat perdu d’avance. Anya eut une pensée émue pour eux. Le jour commençait à poindre à l’horizon, il était temps d’y aller.

La jeune fille s’avança et lorsqu’elle fut rendue à la porte, elle eut la surprise de constater que celle-ci s’écartait à son approche. Ravalant sa salive, Anya pénétra dans le château. Derrière elle, la massive double porte d’entrée se referma avec un bruit métallique pendant qu’au bout du couloir tapissé de rouge, une autre porte s’ouvrit. On lui montrait le chemin. La jeune slave vérifia que les autres portes du couloir étaient bel et bien verrouillées, avant de s’engager sur la route de son destin. Au fur et à mesure qu’elle s’enfonçait dans les entrailles labyrinthiques de la grande demeure, d’autres ouvertures se firent afin de lui permettre de progresser sans hésiter. Au bout d’un certain temps, elle se demanda si on ne la faisait pas tourner en rond lorsqu’elle déboucha dans une pièce immense. Des trophées de guerres lointaines étaient accrochés aux murs, juste au-dessus de grandes tapisseries qui décrivaient avec force détails la saga de la Voïvode. Face à l’entrée, à l’autre bout de la pièce, était dressé un trône d’airain sur lequel était installée la maîtresse des lieux. Katarina Cerveni toisait Anya d’un regard conquérant. Dans un geste trahissant une grâce infinie, elle invita la jeune fille à s’approcher. Cette dernière songea à une histoire qui se racontait dans le village : celle d’un homme qui avait un jour voulu tuer la Voïvode en combat singulier. Il avait levé son arme, mais n’avait pas frappé, rendu hésitant par les yeux de sa charismatique adversaire. Cette dernière en revanche avait profité de cette hésitation pour lui trancher la gorge. A cet instant, Anya doutait quelque peu de la véracité de cette histoire : elle avait beau être quelque peu hypnotisée par le magnétisme de la Dame, elle n’eut pas grand mal à soutenir son regard. Lorsqu’elle s’arrêta, elle était juste devant le trône. Les deux femmes se dévisagèrent mutuellement, avant que la plus âgée ne prenne la parole :

- C’est donc toi, Anya. Je n’ai jamais eu l’honneur de te rencontrer mais Alexei n’arrête pas de parler de toi. Il te demande de le pardonner pour ce qu’il a fait. Mais il m’est avis que tu n’es pas ici pour recevoir son pardon mais plutôt pour plaider sa cause. Ai-je tort ?

Anya s’agenouilla et baissa la tête, dans une posture qui, espérait-elle, paraîtrait respectueuse à la cruelle Dame. Elle était totalement ignorante de l’étiquette en vigueur dans les cours seigneuriales.

- Je suis ici, noble Dame, pour vous supplier humblement de relâcher mon amant. Il est jeune et ignorait le mal qu’il pouvait faire. La mort prochaine de ses compagnons, ainsi que ce qu’il a déjà subi, sauront lui inculquer le respect qu’il vous devra à l’avenir. Je vous conjure de ne pas le faire souffrir d’avantage, car je ne supporterai pas de le perdre. Qui plus est, c’est un bon travailleur qui saura vous servir mieux que quiconque au village, j’en suis certaine. Je vous en prie, il vous suffit d’un mot. Vous verrez que vous en serez récompensée.

La Voïvode eut un sourire amusé et se pencha sur la jeune fille. Elle lui prit délicatement le menton pour l’obliger à la regarder dans les yeux. Puis, elle déclara :

- Que sais-tu des récompenses, fillette ? Tu me parles de ton amant comme une personne irremplaçable alors que pour moi, il n’est qu’une tête de bétail qui refuse de suivre le troupeau. Il sera un exemple pour tous les autres, ainsi que ses partisans. Ma vraie récompense, c’est ce territoire, depuis que je l’ai arraché aux griffes putrides de mon ancien ennemi. Son corps a nourri les chiens depuis bien avant ta naissance, alors ne crois pas pouvoir venir ici et m’ordonner quoi que ce soit. Tout ce que j’ai pris m’appartient et, que tu le veuilles ou non, cela inclut ton amant. Maintenant, cesse de geindre et disparais !

A ces mots, Anya sentit monter en elle une haine et un désespoir immenses. Discrètement, elle porta la main à sa botte droite et en sortit un fin poignard. D’une brusque détente, elle bondit sur la Dame et tenta de l’égorger. Avec une rapidité et une vigueur surnaturelles pour une femme de sa carrure, la Voïvode intercepta le bras vengeur au niveau du poignet puis, avant qu’Anya ne comprenne ce qu’il se passait, elle le lui tordit violemment dans le dos. Sous la douleur intense, la jeune fille lâcha son arme qui heurta le sol dans un tintement clair. Elle n’avait même pas saisi ce qui venait de se produire, tout était allé trop vite. Dame Cerveni raffermit sa prise et lui arracha un cri.

- Eh bien fillette, tu fais un bien piètre assassin !

- Nnngh… Comment avez-vous… ? demanda Anya en serrant les dents pour ne pas crier. J’aurais pu vous abattre.

- Imbécile. J’ai reçu de par mon sang le droit inaliénable de gouverner ces terres. Ainsi que le pouvoir de protéger mon bien et de défendre mon existence, en accord avec les préceptes de ma race. Croyais-tu vraiment les Voïvodes égaux du bétail ? Sur tous les points, nous vous sommes supérieurs et c’est pour cette raison que nous sommes vos seigneurs.

Elle accentua la torsion. Cette fois-ci, un hurlement franchit la barrière des lèvres d’Anya et des larmes coulèrent de ses yeux.

- Tout a un prix, petite inconsciente. Et contrairement à la croyance, il n’est pas forcément proportionnel à ce que tu veux obtenir. Ainsi, la douleur que tu éprouves maintenant est le prix de ta conduite.

La Dame joua pendant ce qui sembla une éternité avec le bras de sa victime, le poussant à la limite de la rupture. Puis, lorsqu’elle estima que la jeune fille avait assez souffert pour le moment, elle relâcha son emprise. Instantanément, Anya s’effondra au sol, son bras meurtri replié contre elle. La Voïvode la laissa sangloter un temps, puis elle s’agenouilla auprès d’elle et lui souffla :

- Tu veux la liberté de ton amant ? Très bien, mais il faudra en payer le prix.

- Dites-moi ce que je dois faire et je le ferai.

La détermination dans la voix de la petite slave surprit la Dame, mais elle n’en laissa rien paraître.

- Tu l’aimes, n’est-ce pas ?

Sans hésiter, Anya répondit par l’affirmative.

- Dans ce cas, si tu veux qu’il reparte libre, tu devras faire la preuve que ton amour est bien sincère. Es-tu sûre de toi ?

Anya se releva. Elle serrait encore son bras droit, mais elle semblait prête à tout. C’est son regard qui répondit à la question de la Voïvode. Un regard plein de défi. Satisfaite, cette dernière entraîna alors la jeune fille en direction des chambres de torture.

+ + +

Durant tout le trajet, Anya avait gardé les yeux fixés sur la Voïvode, dans la crainte d’un piège quelconque et le fait qu’il ne s’était rien passé ne l’avait pas rassurée pour autant. La Dame se déplaçait avec une grâce et une félinité surnaturelles, et la jeune femme devait faire des efforts pour tenir la distance. Cela semblait amuser Dame Cerveni qui souriait ironiquement à chaque fois qu’Anya manquait d’être distancée. Toutefois, les deux femmes n’eurent pas à arpenter longtemps les couloirs de l’immense demeure avant d’atteindre la porte de la salle de torture. La proximité qu’elle avait de la salle du trône ne devait pas être pour déplaire à la Voïvode. Celle-ci posa une main gracile sur la poignée de fer, mais elle ne la fit pas jouer immédiatement. A la place, elle fit volte-face et toisa Anya d’un regard moqueur :

- Si tu renonces maintenant et abandonnes tout espoir de revoir ton homme, je te laisserai partir.

La proposition était aussi brutale qu’inattendue. Mais Anya répliqua aussitôt :

- Pourquoi, vous avez peur ?

Le sourire de Dame Cerveni disparut et son visage se crispa. Son ton était glacial :

- Tu me défies encore. Très bien, ta désillusion sera à la hauteur de ton inconscience.

La Voïvode poussa la lourde porte de bois renforcé sans plus d’efforts que s’il se fut agi d’un simple fagot et entra, suivie de près par la jeune slave… laquelle se figea sur le seuil. Au milieu de la salle, Alexei était attaché sur un chevalet horizontal en forme de X, encadré par deux femmes nues, l’une grande et brune, l’autre petite et blonde. Le jeune homme hurlait et haletait tour à tour, son corps nu couvert de sueur agité de terribles spasmes. On aurait dit qu’il avait perdu la raison : celles qui semblaient être ses bourreaux se tenaient pourtant à distance, les bras le long du corps, se contentant de regarder le spectacle d’un œil gourmand. Anya frissonna lorsqu’elle comprit à quel supplice le pauvre garçon était soumis. Elle venait de remarquer que son sexe était enduit d’une fine couche de ce qui semblait être une pommade couleur rouille. Elle en eut la confirmation lorsque la Voïvode, qui s’était silencieusement glissée auprès d’elle, lui susurra :

- Cette crème urticante a été extraite du suc d’une fleur qui pousse au pied du château. Fort heureusement pour ton ami, la préparation en dilue fortement les propriétés irritantes. Si on avait utilisé le suc tel quel, pur, il y aurait fort à parier que sa voix serait maintenant si faible qu’il ne pourrait plus nous régaler de ses cris.

Puis elle ajouta à l’attention des bourreaux :

- Dannika, Chessa, recommencez à le chatouiller !

Les deux jeunes filles qui n’attendaient visiblement que cela se jetèrent avec entrain sur le corps du garçon. Dannika lui chatouilla les pieds dont les orteils étaient attachés et Chessa attaqua ses aisselles et ses hanches offertes. Les cris d’Alexei ne changèrent pas mais le peu de mouvements qu’il pouvait faire prirent la forme de la lutte des derniers instants. Il était au bord du gouffre où sa raison allait plonger ; il était chatouillé à mort.

Anya fit mine de bondir en avant pour s’interposer mais Dame Cerveni la stoppa net en saisissant de sa poigne d’acier son bras encore douloureux. Elle était loin d’employer toute sa force mais elle serra suffisamment pour faire sentir à Anya que toute résistance était inutile. Lorsqu’elle lut la docilité dans les yeux de la jeune fille, elle lui dit :

- Ecoute-moi bien, jeune inconsciente. Tu veux le sauver ? Très bien, je peux abréger son supplice, mais cela ne dépend que de toi.

Les larmes montèrent aux yeux d’Anya alors que les cris d’Alexei se faisaient plus désespérés. Elle hurla :

- Qu’est-ce que vous attendez de moi ?

- Mais que tu prennes sa place, bien sûr. Tu l’aimes ? Eh bien, prouve-le en donnant ta vie pour lui. Arrêtez, vous autres !

Disciplinées à l’extrême, les tortionnaires cessèrent immédiatement de torturer Alexei, mais se tinrent prêtes à reprendre le supplice à n’importe quel instant. Elles fixèrent Anya avec dans le regard une curiosité malsaine. Celle-ci contempla, les yeux embués de larmes, le corps torturé de son amour. Ce dernier essaya de parler, mais le seul son distinct qui parvint à franchir ses lèvres fut une pathétique supplique :

- Pitié…

Il n’y avait plus à hésiter. Anya sécha ses larmes d’un revers de main et déclara d’un air résolu :

- Faites de moi ce que vous voulez.

La Voïvode eut un ricanement sardonique :

- Sage décision.

La punition de l’inconsciente

La porte claqua et Anya se retrouva seule. La Voïvode avait décidé de remettre son supplice à la nuit suivante, étant donné que le soleil était sur le point de se lever et qu’elle devait encore superviser l’exécution des rebelles. Anya avait donc été conduite dans une cellule, les chevilles mises aux fers, jusqu’à ce qu’on la ramène dans la salle de torture. Alexei, pour sa part, avait été détaché et des gardes l’avaient porté hors de la pièce. La jeune femme ne l’avait plus revu depuis et elle espérait que Dame Cerveni ne reviendrait pas sur sa parole. Le code coutumier des seigneurs transylvaniens le lui interdisait, mais Anya avait tout de même peur pour son amant. Cela dit, elle ne pouvait plus rien faire d’autre que d’attendre la rencontre avec son destin.

Elle avait été attachée suffisamment loin du mur pour pouvoir s’allonger sur le sol, dont les dalles de pierre avaient été recouvertes de paille. Ainsi, la position couchée était loin d’être inconfortable ; ses tortionnaires voulaient sans doute qu’elle ait récupéré ses forces pour le supplice à venir. La fatigue aidant, Anya s’endormit bien vite alors que les premières lueurs du jour commençaient à poindre par l’étroite fenêtre du cachot. Elle était si épuisée qu’elle ne perçut qu’en rêve les hurlements effroyables de la trentaine d’hommes qu’on empalait au-dehors. Mais elle fit un horrible cauchemar où elle se vit elle-même plantée verticalement sur un pieu, au côté de son homme qui geignait d’agonie.

Lorsqu’elle se réveilla, ses vêtements de voyage trempés de sueur, elle comprit pourquoi elle avait fait ce rêve : le vent lui apportait les faibles gémissements mêlés des quelques condamnés. Elle versa quelques larmes en pensant qu’elle les avait tous connus, et elle pria les dieux païens pour qu’Alexei ne soit pas parmi eux. Elle frissonna ensuite lorsqu’elle se rendit compte que le soleil se couchait : on allait la chercher incessamment. A peine eut-elle formulé cette pensée qu’elle entendit cliqueter la serrure. La porte s’ouvrit pour laisser passer un garde en armes, très large d’épaules et au faciès de brute. Derrière lui, dans l’encadrement de la porte, se tenaient les deux femmes qui avaient torturé Alexei, la nuit passée : Chessa et Dannika. Elles étaient vêtues de leur habituelles robes diaphanes, cette fois-ci. L’homme vint s’agenouiller auprès de la prisonnière et, avec une dextérité que ne laissait présager son physique, il lui retira promptement ses fers. Anya, les membres engourdis, se mit doucement debout et s’étira.

- Déshabille-toi ! ordonna sèchement Dannika

Comme la jeune femme hésitait, le garde, d’un geste vif lui enfonça son énorme poing dans l’estomac. Alors que le corps d’Anya plié en deux sous la douleur chutait lourdement sur le sol, il beugla :

- Et vite, compris ?

Il allait lui décocher un vicieux coup de pied dans les côtes, mais un geste des filles l’arrêta. Anya, se mordant la lèvre pour ne pas vomir, se releva péniblement et retira docilement ses vêtements. Ses bottes. Sa veste. Finalement, son pantalon. Elle était désormais nue et elle se sentait affreusement humiliée d’être ainsi livrée aux regards de trois étrangers, particulièrement d’un homme. Chessa jeta sur le sol une paire de sandales en cuir, dépourvues de brides de cheville.

- Enfile-les. Nous ne voudrions pas que tu abîmes tes jolis pieds en chemin.

Les deux filles échangèrent un regard complice. Anya s’exécuta et, aussitôt après, le garde lui lia les mains dans le dos au moyen d’une corde rêche. Il laissa une certaine longueur afin de garder le contrôle de la jeune fille, comme une laisse. Il joua de sa grande taille afin de la forcer à se pencher en avant, pour l’humilier d’avantage. Ensuite, tous les quatre partirent en direction de la salle de torture. Le chemin fut long et Anya soupçonna les filles de volontairement prolonger le trajet pour le rendre d’autant plus pénible. En effet, environ tous les dix mètres, le garde la gratifiait d’une claque sonore sur les fesses. A chaque fois, la jeune femme manquait de trébucher, mais sut rester debout tout du long, par peur d’être battue de nouveau. Son supplice avait dores et déjà commencé.

Une fois arrivées à destination, les tortionnaires conduisirent directement leur prisonnière à l’intérieur. De là, sans plus de cérémonie, elles la menèrent jusqu’à un banc surmonté à une extrémité d’un carcan, et à l’autre d’une croix de bois, destinée sans doute à immobiliser le haut du corps. Sans qu’il fut besoin de donner d’ordre en ce sens, le garde détacha les poignets de derrière le dos d’Anya. Il la força ensuite à monter sur l’appareil et lui lia les poignets et les coudes aux branches de la croix. Il rajouta quelques tours de corde au niveau du bassin et autour du front. Enfin, il l’obligea à allonger les jambes afin que les filles puissent refermer le carcan autour de ses chevilles et compléta en lui immobilisant les genoux. Son travail achevé, il s’inclina respectueusement devant les deux bourreaux et quitta la pièce avec diligence.

Les trois femmes étaient maintenant seules. Dannika s’approcha des pieds d’Anya et lui retira rapidement ses sandales, devenues inutiles. Ensuite, au moyen de fines cordelettes, elle entreprit de ligoter chacun des quatre premiers orteils, séparément, à une petite barre de fer qui surplombait les pieds de la prisonnière. Pendant ce temps, Chessa se munit d’une plume, fine et de petites dimensions, et vint s’asseoir sur le bord du banc, côté droit. Elle remua les pieds dans le vide d’un air innocent, s’approcha du visage de sa victime et lui souffla sur le ton de la confidence :

- Tu sais, ma chérie, je suis très contente de t’avoir pour moi ce soir. Alexei nous a parlé de toi, le cher ange. Je crois bien qu’il t’aime, alors j’espère que tu lui feras honneur en résistant au moins aussi bien que lui à nos petites agaceries. En attendant que ma Dannika finisse de préparer tes mignons petits pieds, je vais te distraire un peu.

Puis la jeune fille commença à promener la petite plume sur le visage immobilisé de la captive : les lèvres, les oreilles, l’arête du nez, le bord des yeux, les joues, le haut du cou… les barbes de la rémige vinrent taquiner chaque recoin de la figure d’Anya. Celle-ci ne sembla pas s’en formaliser au début, mais très vite elle commença à avoir de petits tressaillements. Ces derniers se muèrent progressivement en légers tremblements qui prirent de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure que la sensation de démangeaison s’approchait de l’insupportable. La jeune femme commença à haleter, puis à gémir, et enfin à pleurer. Elle essayait désespérément de bouger la tête, ne fut-ce que d’un millimètre pour atténuer la sensation, mais elle était solidement immobilisée. Au plus fort du supplice du visage, Chessa vint caresser du bout de sa plume les contours des narines d’Anya, puis le bord intérieur, en la faisant tourner sur elle-même, pour accentuer les sensations. Dannika, qui avait terminé l’immobilisation des orteils, se munit elle aussi d’une plume et vint torturer les pourtour des oreilles de la suppliciée. A peine la deuxième fille s’était jointe à sa complice, Anya se mit à pousser de vrais cris, tout en continuant de pleurer abondamment sous l’épouvantable démangeaison. Les filles poursuivirent leur jeu cruel encore un long moment avant d’y mettre un terme.

Sans laisser à Anya le temps de se remettre, elles se placèrent de part et d’autre du banc et la chatouillèrent sous les bras, au moyen de leurs seuls doigts. Délicatement, avec des mouvements rapides mais extrêmement précis. Chaque doigt fut mis à contribution pour explorer les creux lisses et doux des aisselles de la suppliciée. Cette dernière riait à en perdre haleine, le visage trempé de larmes autant que de sueur, le regard fou. Les tortionnaires augmentèrent ses sensations d’un degré supplémentaire en étendant la zone du supplice aux hanches et aux côtes, tout en n’oubliant pas de revenir aux aisselles de temps en temps. Le corps d’Anya ne lui appartenait plus désormais, la jeune fille était devenue l’esclave de sensations incontrôlables qui la réduisaient à la soumission la plus totale. A cet instant, elle aurait été prête à s’arracher les bras pour se soustraire à la torture. Mais les liens tenaient bon et le supplice se prolongeait encore et encore.

Lorsque Dannika, puis Chessa arrêtèrent de la chatouiller, Anya était presque complètement brisée. Sa respiration était lourde et irrégulière, tout son corps luisait de sueur dans la lumière rougeâtre des torches et son regard était maintenant vide de toute lueur de défi ou de volonté. Seule s’y donnait à lire la peur. Celle de la prochaine torture qu’on lui ferait subir. Elle ne se faisait guère d’illusions : si les filles avaient mis un terme au supplice du torse, c’était uniquement pour en débuter un autre. Elle n’essaya même pas de supplier, comprenant le caractère inéluctable de ce qui allait suivre. Elle espéra seulement que son corps ne tiendrait trop longtemps, afin qu’elle puisse trouver la paix plus rapidement.

Comme prévu, les bourreaux d’Anya se dirigèrent vers ses pieds nus, devant lesquels elles disposèrent deux petits tabourets afin d’être plus à l’aise. Ensuite, elles prirent chacune une plume – noire pour Chessa, rousse pour Dannika –, s’assirent et recommencèrent à torturer la prisonnière. Si celle-ci était résignée, elle n’en était pas blasée pour autant et à peine les légers instruments eurent commencé à titiller la peau nue et vulnérable de ses douces plantes de pieds, qu’elle recommença à rire et à essayer de se libérer. Les filles explorèrent un moment les zones sensibles des extrémités de leur prisonnière puis, après s’être concertées du regard, elles se mirent à chatouiller de concert toute la surface des pieds par de petits mouvements frétillants. L’effet fut si dévastateur sur Anya qu’elle en vint à regretter la torture des aisselles. Tout son corps était tendu, comme prêt à se désintégrer. Ses cris étaient confus, oscillant entre le rire et le hurlement. Parfois même ils s’arrêtaient tout simplement, comme si la jeune femme était frappée de mutisme. Elle se contentait alors de fixer tour à tour ses pieds torturés et ses bourreaux d’un air terrifié.

Mais le pire était encore à venir. Satisfaites de la tournure que prenait le supplice, les filles échangèrent à nouveau un regard complice et firent passer leurs plumes entre les orteils ligotés de la jeune femme, tout en continuant à lui chatouiller la plante de pied de leur main libre. Le résultat fut à la hauteur de leurs espérances. Anya hurla de plus belle, le corps tremblant comme une possédée. Elle tint encore un long moment dans cet état extrême jusqu’à ressentir comme si quelque chose se brisait en elle. Vaincue par une éternité de tortures, elle se sentit partir, loin de son corps et des tortionnaires qui la chatouillaient à mort. Et alors qu’elle sombrait, elle pensa :

- C’est pour toi Alexei, pour toi que j’ai traversé tout cela. Puisses-tu me pardonner.

L’Heure du Choix

Bien plus tard, Anya ouvrit les yeux. Sa première pensée, à savoir la prise de conscience qu’elle était encore vivante, lui glaça le sang. Quand son supplice allait-il donc cesser ? Ne l’avait-on pas assez torturée ? Mais une prisonnière n’avait aucun droit à disposer de sa vie, elle en prenait dès lors la pleine mesure. Elle se sentait fatiguée, elle avait froid, ses muscles étaient douloureux et son regard trouble. Elle était sur le fil du rasoir, maintenue à distance du repos de la mort contre la volonté de son corps.

On l’avait changée de position. Elle était maintenant allongée sur une table de bois, dont la dureté était très désagréable contre son dos. Elle était toujours nue, et la brise qui mordait sa peau indiquait qu’on avait ouvert les meurtrières. Elle se demanda depuis combien de temps les villageois percevaient ses plaintes et ses suppliques. Les sangles qui l’entravaient solidement étaient reliées à des chaînes qui étiraient ses membres à l’horizontale. La jeune fille réalisa alors qu’elle était sur un chevalet d’écartèlement et qu’elle avait été mise en tension de façon à l’immobiliser, les membres à la limite de la rupture. Elle s’interrogea : une douleur franche et aiguë n’aurait-elle pas été préférable à la torture des chatouilles, à ces sensations insupportables et ambiguës qui prenaient leur temps pour la rendre folle ?

Sa vue s’éclaircit : assise sur les talons, à califourchon sur le ventre de la prisonnière, Dannika était là, complètement nue. Dominant la prisonnière de sa hauteur, elle lui caressait les cheveux. Doucement, avec volupté, mais les gestes pourtant dépourvus de toute marque de tendresse ou de pitié. Anya avait déjà vu un chat jouer avec une souris avant de la dévorer, et le regard de Dannika était celui de ce chat. Un chat à la terrifiante humanité. Un cruel sourire aux lèvres, la brune se pencha sur elle, tout près de son visage. Anya détourna craintivement la tête, les yeux clos. Son bourreau réagit par un ricanement triomphant.

- Eh bien, la petite fille a peur ? Tu ne devrais pas, pourtant, parce que tu ne sais pas encore ce que je vais te faire. Mais je te l’accorde, si tu le savais tu mettrais toi-même fin à ta vie plutôt que de l’endurer.

Dannika se mit ensuite à se frotter avec douceur contre le corps d’Anya, en la gratifiant de caresses faussement affectueuses, qui étaient malgré tout d’un soulagement bienvenu pour le corps meurtri de la suppliciée.

- Je sais pourquoi tu es venue. J’ai vu en le torturant l’amour que te porte ton amant. On va voir maintenant à quel point tu le lui rends.

Elle se mit ensuite à chatouiller Anya sous les bras. Plus par réflexe que par regain d’énergie, la jeune fille contracta violemment ses muscles, mais la tension maintenait ses membres parfaitement droits. Tout au plus vibraient-ils, faisant tinter les chaînes. Dannika fit descendre ses mains le long de ses côtes, tout en déposant de petits baisers sur sa peau. La prisonnière, dont les supplices précédents avaient amplifié la sensibilité, riait à en perdre haleine. Elle agitait la tête de droite et de gauche, ne pouvant soutenir le regard de cette superbe femme qui était en train de la torturer. Cette dernière prenait un plaisir pervers à exploiter la position unique de sa victime, faisant glisser longuement ses doigts le long de son corps pour provoquer les frissons les plus impressionnants. Anya était devenue une corde de luth, et sa cage thoracique était sa caisse de résonance. Et Dannika, en experte, savait tirer le meilleur d’un tel instrument. Abandonnant les attouchements superficiels, la tortionnaire opta pour une technique plus agressive : elle appuya plus fortement sur la peau de la prisonnière, du bout des ongles, tout en continuant de la chatouiller. Entre les côtes et sous les aisselles cette technique était complètement insoutenable et arracha de terrifiants hurlements à Anya. Elle s’agita plus violemment encore mais ne pouvait pas plus qu’auparavant s’opposer à ce terrible traitement. Elle se mit à pleurer de façon incontrôlée et à espérer que, comme tout à l’heure, son corps finirait par abandonner. Mais Dannika avait d’autres projets.

Sans crier gare, la terrible slave arrêta de la chatouiller. Sans qu’Anya ait le temps de réaliser ce qu’il se passait, Dannika se retourna et s’allongea sur elle de tout son long, dans la direction opposée à sa tête. Puis elle recommença immédiatement à la chatouiller, mais sous les pieds cette fois-ci. Ces derniers n’étaient immobilisés que par les sangles qui entravaient ses chevilles, mais la suppliciée était dans un tel état d’épuisement que Dannika n’avait aucun mal à suivre le rythme de leurs mouvements désordonnés. Elle s’attaqua principalement au milieu des plantes, le long d’une imperceptible ride qu’elle avait repéré durant le supplice des plumes, mais ne négligea pas pour autant l’intervalle entre les orteils, qu’elle grattait avec de petits mouvements frénétiques. Régulièrement, elle embrassait les orteils d’Anya du bout des lèvres, lui assurant d’un ton dépourvu de toute gentillesse qu’elle avait de très jolis pieds pour une paysanne. Au bout d’un moment de ce petit jeu, sans que la torture ne faiblisse en intensité, Dannika s’amusa à caresser le visage d’Anya de ses pieds nus, essuyant ses larmes, la forçant à les sentir, les embrasser et même à les lécher pour faire cesser les chatouilles. La jeune fille, désespérée, se plia sans réserve à ce jeu cruel d’humiliation mais son bourreau n’avait aucunement l’intention d’arrêter, même si elle n’avait de cesse de l’assurer que le répit était imminent. En réalité, elle franchit un nouveau pallier en accentuant encore les sensations de sa victime, chatouillant les deux pieds à la fois en donnant toute la mesure de son immense talent. Et malgré toutes les espérances d’Anya, son corps saturé de sensations insupportables tenait bon, prolongeant le supplice pendant encore une éternité.

La porte s’ouvrit avec bruit, mettant fin à la torture. La prisonnière à bout de forces se relâcha d’un seul coup, sa tête retombant sur le bois de la table, produisant un son mat. Dannika, avec la moue espiègle d’une enfant prise en flagrant délit, se redressa instantanément, et s’assit sur le bord du chevalet, les pieds nus balançant négligemment dans le vide, une main traînant sur le corps de celle qu’elle avait mené au bord de la folie, comme pour la menacer de tourments plus grands encore. Elle inclina la tête en signe de soumission, car sa maîtresse venait d’entrer, accompagnée de son nouveau prisonnier. Reprenant péniblement son souffle, Anya releva la tête pour apercevoir les arrivants. Son cœur se réchauffa lorsqu’elle vit que son amant avait l’air en meilleure forme que la veille. On lui avait donné des vêtements neufs, un pantalon et une tunique que la Voïvode avait apparemment préféré laisser ouverte sur son torse. Il paraissait très éprouvé par ses derniers supplices mais la Dame semblait avoir tenu sa promesse de ne plus lui faire de mal. Il avait les mains libres, mais un collier de fer relié à une chaîne tenue par la Dame marquait clairement son statut d’esclave. Dès leur entrée, elle l’avait fait mettre à genoux, preuve encore de sa supériorité sur lui. Anya chercha le regard de son amant, et lorsqu’elle le trouva, elle fut terrifiée du vide qu’il contenait. Toute l’innocence et la bravoure dont il était si fier, et qui lui avaient donné le cœur de son aimée avaient disparu. Tout ce qu’elle lisait désormais dans les yeux de son promis n’était que soumission. Son âme s’emplit de tristesse, alors que Dame Cerveni interpellait Dannika :

- Tu t’es bien amusée ?

- Je l’adore, noble Dame, répondit la tortionnaire en contemplant le corps brisé de sa victime. Elle est si sensible, si amoureuse, et en même temps si forte. Cela me change tellement de ces paysans si bovins, arriérés et faibles qui pullulent dans nos campagnes.

- Oui, ironisa la Voïvode, je suis sûre que tu aimerais que ce pays connaisse davantage de révoltes.

Elle regarda Alexei avec un œil gourmand et ajouta :

- Et moi aussi, tant que leurs meneurs seront aussi…savoureux que notre cher ange ici présent.

Anya intervint, la voix rauque :

- Laissez-le partir ! Vous avez promis.

- Que nenni ! Je n’ai promis que de mettre fin à son supplice, certainement pas de le libérer. D’ailleurs, comment pourrais-je libérer un garçon aussi séduisant ? Mais n’aie pas trop de regrets, je saurai m’occuper de lui mieux que tu n’as jamais su le faire. C’est un nouveau monde qui l’attend, fait de plaisirs exquis et d’excitantes petites tortures. Ma couche n’est certainement pas une punition. C’est une récompense.

Son ton se durcit :

- En revanche, ton incorrection est décidément intolérable. Comment oses-tu mettre mon honneur en doute, toi qui as grandi dans la fange comme une mauvaise herbe ? Tu mérites une punition. Dannika ! Poursuis son supplice, et ne fais preuve d’aucune pitié.

Une idée perverse lui traversa l’esprit, lui arrachant un cruel sourire d’anticipation :

- Et en attendant que Chessa vienne te rejoindre, Alexei va te venir en aide.

Ces mots provoquèrent la stupeur dans la salle de torture, mais pour des raisons différentes. Pour Dannika cette méthode était complètement inédite, tandis que pour les deux amants elle était tout simplement monstrueuse.

Avant que quiconque n’ait pu réagir, Dame Cerveni, d’un surnaturel effleurement du doigt fit sauter le verrou du collier d’Alexei qui tomba lourdement sur le sol. Il était libre mais n’en profita pas pour se battre ou tenter de s’enfuir. Il savait que c’était inutile. A la place il leva la des yeux embués de larmes vers sa maîtresse et l’implora :

- Je vous en supplie, ne me demandez pas ça. Je ferai tout ce que vous voudrez, mais ça… je ne pourrai pas.

La Voïvode le gratifia d’une caresse sur la joue, comme pour le réconforter.

- Mais mon cher, tu es à moi maintenant : je suis seule juge de ce tu peux et ne peux pas faire. Et puis, je suis certaine que tu ne voudrais pas davantage contempler son supplice sans rien pouvoir y changer, qu’y participer, non ? Là au moins, la décision d’avoir pitié d’elle te reviendrait.

- Même si Chessa et moi feront en sorte que tu n’abuses pas de ce privilège non plus, compléta méchamment Dannika.

Le regard d’Alexei était perdu entre le chevalet où était attachée Anya, sa maîtresse et les instruments de torture posés ça et là. Il secoua la tête, marmonnant un refus qui sonnait comme un terrible aveu d’impuissance.

- Tu n’arrives pas à te décider, n’est-ce pas ? interrogea la Voïvode. Très bien, alors je vais t’aider. Tu sais que malgré sa sévérité, ma parole est empreinte de justice. Aussi, je vais te proposer un marché semblable à celui que j’ai fait à ta petite Anya.

La suite claqua comme un coup de poing sur le visage du jeune homme :

- Tu l’aimes ? Eh, bien prouve-le : torture-la où prends sa place.

Alexei resta figé un moment interminable. Des images, des sensations atroces lui revenaient en mémoire. Il se revit sombrer lentement, déchiré d’exaspération et d’humiliation sous les chatouilles de ses bourreaux. C’était la pire chose qu’il lui était arrivé dans sa vie et ne le souhaitait à personne au monde. Lentement, il se leva. Pour la première fois, il semblait plus grand que la Dame, dressé qu’il était de toute sa hauteur. Il regarda Anya, prisonnière de ses liens, le corps meurtri, chatouillée presque à mort. Il avait pris sa décision.

- C’est d’accord. Je vais le faire.

Puis, se tournant vers Anya, il tenta de se justifier. Il voulait lui dire que c’était trop dur, qu’il ne pourrait endurer d’autres supplices, que personne ne pouvait défier une Voïvode et qu’attendre sa clémence était la seule chose à faire. Mais devant le regard désespéré de son amante, il ne sut que dire. Dannika sauta sur le sol et, avec sa grâce féline habituelle, elle prit délicatement le bras du jeune homme et le mena lentement vers le chevalet. A mesure qu’ils avançaient vers elle Anya se débattait de plus en plus fort, suppliant son amant :

- Alexei ! S’il te plaît, ne fais pas ça. Je t’en prie, je t’aime, Alexei ! Tu entends ? Je t’aime ! Ne deviens pas comme eux, s’il te plaît ! Ne me fais pas de mal.

- Tu veux que je la bâillonne ? lui glissa Dannika au creux de l’oreille. A moins que ça t’excite de l’entendre. Moi, j’adore.

- Je t’en supplie ! Alexei, tu ne peux pas les laisser gagner. Pas toi : tu m’as toujours dit qu’il valait mieux mourir que de vivre soumis. Rappelle-toi !

Dannika assit son protégé sur le chevalet au niveau des pieds d’Anya, prétendant qu’ainsi il n’aurait pas à croiser son regard. Elle se positionna derrière lui pour guider ses premiers gestes de bourreau. La jeune fille tenta une dernière fois, dans un sanglot, de raisonner le garçon :

-Je t’en supplie, pas toi. C’est ce qu’ils peuvent me faire de pire.

Alexei poussa un long soupir de résignation et répondit, évitant de croiser son regard :

- Je sais. Mais je ne peux pas lutter. C’est terrible, mais je préfère ça plutôt qu’ils me torturent à nouveau. Je suis désolé.

Dannika fit mine de le réconforter :

- Tu as fait le bon choix. Je suis certaine que la Voïvode sera clémente avec toi. Tu ne seras plus jamais une simple personne du peuple. Tu seras l’amant de la Dame de ces contrées, et la vie de cette petite garce scellera le début de cette nouvelle existence. Maintenant, observe bien.

La femme aussitôt empoigna les orteils du pied droit de la prisonnière et lui chatouilla un point sensible de la plante du pied pendant dix secondes, durant lesquelles Anya rit sans discontinuer.

- Tu as vu ? Essaye de faire pareil.

Alexei à son tour se saisit des orteils de son amie et, essayant d’oublier la douceur de sa peau sous ses doigts, tenta de la chatouiller de la même façon. Les cris d’Anya furent moins puissants, mais ils se parèrent d’une exquise sonorité de désespoir que Dannika ne saurait jamais reproduire. Enthousiaste, celle-ci lança :

- Parfait, ensemble maintenant !

Anya avait raison : c’était ce qu’on pouvait lui faire de pire. L’attaque synchronisée de ses extrémités ultra sensibles venant s’ajouter à la douleur de la trahison de celui pour qui elle avait sacrifié sa vie était le pire des supplices possibles pour la jeune femme. La punition était exemplaire, et elle ne devait trouver son effroyable conclusion que des jours plus tard. Le vent, une fois de plus, se fit le messager de l’implacable justice de la Voïvode auprès de chacun de ses sujets. La légende deviendrait immortelle, et renforcerait le pouvoir de Dame Cerveni pour des générations encore.

+ + +​

Caroline referma le livre, tétanisée de ce qu’elle avait lu. Alors que le passé s’estompait en volutes à mesure qu’elle revenait dans le présent, la jeune femme reprenait pied dans la réalité. Il lui semblait avoir rêvé, tellement le style de l’auteur lui avait fait éprouver les sensations décrites avec acuité. A moins que ce ne fut l’atmosphère qui régnait dans cette pièce, ajoutée à ses fantasmes personnels. En tout cas, elle était bouleversée. Elle ne pouvait mettre un nom sur les sensations qui l’habitaient, mélange de fierté, de curiosité et d’excitation sexuelle. Ce récit avait déclenché en elle une chose qu’elle avait jusque-là gardé enfouie. Il avait ouvert une porte qui laissait passer dans son esprit un flot continu d’images et de désirs jusque-là cantonnés au plus profond de son inconscient.

Malgré tout, ces désirs-là ne semblaient pas vouloir la tourmenter. Au contraire, elle se sentait en paix avec elle-même, comme habitée de la force supérieure et rassurante de l’ancienne maîtresse des lieux. Elle ferma les yeux et poussa un profond soupir. Elle devait prendre une décision au sujet de cet endroit, une décision qui aurait d’énormes conséquences sur la suite de sa vie. Pour autant, son choix sembla s’imposer de lui-même. Cette salle était restée endormie depuis de trop longs siècles et il était temps pour elle de retrouver sa gloire des temps anciens. Grâce aux enseignements contenus dans le livre et à l’esprit des milliers de condamnés ayant défilé en ces murs, Caroline deviendrait l’ange vengeresse qui, des siècles après, punirait les descendants des envahisseurs qui avaient mis un terme au règne de la plus grande des Voïvodes. Et elle savait déjà par qui elle allait commencer : le nouveau propriétaire du château Cerveni ferait une offrande parfaite pour apaiser l’affront fait au Sang de la Dame.

Avant de partir, Caroline contempla une dernière fois la salle de torture, redevenue silencieuse. A la lumière de la torche, les chevalets de bois renvoyaient des reflets menaçants. Pour autant, après la fureur des supplices auxquels Caroline avait assisté, ils semblaient vides, presque inutiles. Plus pour longtemps. Le bruit métallique de la porte scella la destinée de celle que bien plus tard on allait surnommer « L’Ire de la Dame ».

Fin​
 
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