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Privilèges Partie IV, Finale

Tenebrae

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Mar 21, 2005
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Et paf, voilà la conclusion des aventures de Lisa. Toutes mes excuses à ceux qui ont attendu une éternité mais en ce qui me concerne l'écriture me prend énormément de temps et d'énergie. Je suis étudiant et travaille à temps partiel, donc ce n'est pas évident à concilier avec une activité aussi exigeante.

En espérant que ce qui suit vous plaira, et à très bientôt pour un nouveau cycle.

+ + +​

Plusieurs mois plus tard

Lisa s’accorda une pause dans la rédaction de son rapport et s’étira. Sa chambre avait gagné en confort avec l’adjonction d’un poêle fort utile en cette froide après-midi d’hiver. Elle retira ses bottines, puis ses bas et approcha avec délectation ses pieds nus de la source de chaleur. C’était bon. Elle avait travaillé dur durant la matinée et elle appréciait ces moments où elle se retrouvait seule avec elle-même. Alors qu’elle contemplait par la fenêtre la campagne anglaise enneigée, sa pensée se mit à vagabonder. Elle se rappela le moment de sa renaissance.

Au supplice du venin avaient succédé d’autres tortures. Cela avait duré des jours et des nuits interminables et avait culminé en une longue séance qui lui avait semblé durer des jours. Elle avait été poussée jusqu’à sa plus extrême limite, jusqu’au point de ne plus avoir la moindre réaction, comme si son corps avait été figé. Et pourtant cela n’avait pas arrêté ses bourreaux, comme s’ils avaient deviné qu’elle hurlait encore dans sa tête, comme s’ils avaient su mieux qu’elle ce qu’elle éprouvait. Ils l’avaient comme poursuivie jusque dans les ultimes recoins de sa pensée. Ils l’avaient littéralement torturée à mort, et elle avait sombré l’abyme.

Puis elle s’était éveillée, elle n’avait su au bout de combien de temps. Ses membres étaient endoloris, sa vessie était enflée, et il lui avait semblé encore sentir les terribles effleurements sur sa peau. Mais elle était vivante. Vivante et seule. Personne autour d’elle pour recommencer à la torturer. C’était alors qu’elle avait réalisé qu’elle n’était plus à Ravencroft, mais qu’on l’avait abandonnée dans un hôtel du centre-ville. Elle avait été lavée, et toutes ses affaires étaient là. Après vérification, le Derringer n’avait même pas quitté sa petite poche secrète. Lisa, à cet instant, s’était sentie confuse et avait quitté l’établissement précipitamment pour rentrer directement chez elle où elle avait passé trois jours sans sortir, terrifiée à l’idée qu’on la reprenne. Mais personne n’était jamais venu.

A la nuit tombée, elle ne faisait pas de cauchemars, à son grand étonnement. Seulement des rêves étranges et indistincts, et elle se réveillait invariablement trempée de sueur et dans un inexplicable état d’excitation sexuelle. Petit à petit, elle s’était prise à fantasmer sur des scénarios où la torture jouait un rôle. Ces derniers s’étaient étoffés au fur et à mesure que les nuits étaient passées, gagnant en précision et en acuité. Jusqu’à devenir une obsession. Un brûlant désir de punir et de soumettre avait éclos en elle, et il n’y avait au monde qu’un moyen de le satisfaire.

Au fil de ses réflexions, une phrase était revenue dans la mémoire de Lisa. « J’aime les femmes qui peuvent se jeter dans l’abyme, en le regardant jusqu’au tréfonds ». Ces mots avaient pris désormais une autre résonance. Sa décision prise, la jeune femme était retournée à Ravencroft, à la fois étonnée de son propre courage et effrayée par sa propre folie. Mais elle avait été marquée. Ces gens avaient fait naître en elle un désir si violent qu’il la consumait à présent et qu’il fallait l’alimenter pour ne pas mourir.

Après vérification auprès de ses employeurs du Yard, sa couverture n’était pas tombée. Il était vrai que Lisa ne se rappelait pas qu’on lui avait posé la moindre question au cours des tortures qu’elle avait subies. Et il avait mieux valu : elle aurait avoué n’importe quoi. Le retour à l’Assemblée avait été des plus étranges. Lisa avait été accueillie par une Anne radieuse et un Duc qui ne l’était pas moins. Ils savaient tout, évidemment. Ils n’étaient pas sans ignorer le terrible germe qu’ils avaient mis en elle. Tout cela avait été prévu depuis le début. Sans attendre, une revanche lui avait été proposée : pour perfectionner ses techniques, il lui avait été autorisé, avec le soutien d’Anne, de s’entraîner sur les trois lesbiennes qui lui avaient fait tant de mal. En ces murs, une femme nue n’était rien de moins qu’une esclave, et Lisa avait vite compris de quelles horreurs le statut d’employée personnelle d’Anne la mettait à l’abri.

Et elle s’était vengée. Les deux premières semaines, la rancune et l’envie d’humilier avaient quelque peu altéré ses compétences. Mais le feu de la rage, si brûlant soit-il, ne peut égaler la puissance de la haine froide et raisonnée de celle qui désire plus que tout maximiser le tourment de sa victime. Peu à peu, ses effleurements, guidés par la main d’Anne, avaient gagné en précision, ses caresses en sensualité et son supplice en majesté. Elle avait appris l’empathie, la délicieuse faculté qui permet de vivre les sensations de la prisonnière comme les siennes, de frémir au même rythme, de se mettre au diapason de la symphonie de la torture pour mieux en anticiper le déroulement. Les séances avaient bientôt revêtu l’indispensable caractère d’insoutenable qui sied aux initiés. Et sa maîtresse s’en était félicitée avec un plaisir aussi sadique que narcissique. Car des femmes comme Anne n’encouragent pas les vocations par bonté d’âme, mais pour servir leurs intérêts ou pour s’admirer à travers leurs disciples.

Lisa détestait Anne autant qu’elle l’adorait. Elle la trouvait merveilleusement belle et sensuelle, et admirait sa parfaite maîtrise de l’art de la torture. Mais elle rêvait toutes les nuits d’une revanche à la mesure de son initiation et elle savait que chaque progrès qu’elle avait fait l’avait un peu plus rapprochée de ce but. Quant à Winfield, sa plus grande humiliation serait d’aller moisir en prison. Depuis son arrivée, elle avait accumulé les preuves, et dans ce pays, même un respectable Duc pouvait chuter devant une Cour de justice. Et ce genre de chute était toujours terrible. Peut-être la jeune tortionnaire lui rendrait-elle visite de temps à autre. Son apprentissage jusqu’ici ne s’était pas borné aux femmes.

Elle revint progressivement à la réalité. Elle était toujours sous couverture et il ne s’agissait pas de faire un faux pas si près du but. Elle n’était plus surprise de la brutalité de ses pensées, mais il était indéniable qu’elle avait changé. La belle détective au doux parfum de roublardise s’était muée en une femme sensuelle et férocement déterminée. Le supplice marquait au fer l’esprit des êtres de ce monde, et c’était ce qui le rendait si sublime. Elle termina son dernier rapport et le dissimula dans son corsage. Elle le ferait déposer en ville dans une boîte aux lettres morte par une des servantes du manoir acquise à sa cause, comme elle le faisait depuis le commencement de sa mission. La fin était proche. Ses employeurs lui avaient fait savoir qu’ils auraient bientôt assez d’éléments pour intervenir officiellement. Toutefois, il fallait que Lisa s’assure que tout le monde soit présent au même endroit à ce moment-là. Si Anne ou Winfield, ou pire, un de leurs sbires anonymes s’échappait, la jeune femme ne serait plus en sécurité nulle part dans le monde. Et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle voulait sortir de Ravencroft en conquérante, la tête haute, et non pas fuir et se cacher pour le restant de ses jours.

Pour parvenir à ses fins, elle avait conçu un plan. Quoi de mieux pour focaliser l’attention que la punition d’une traîtresse ? Prenant un risque calculé, elle avait laissé filtrer du Yard qu’une espionne à l’intérieur de l’Assemblée renseignait les autorités, rumeur appuyée par quelques descentes opportunes dans des entrepôts secondaires de la capitale. Elle s’était ensuite assurée que certains de ses rapports, rédigés en un code un tant soit peu difficile à déchiffrer, tombent entre les mains des surveillantes. Lentement, elle avait fabriqué l’image d’une coupable, qui allait recevoir sa punition ce soir même.

Alors que le jour déclinait progressivement, la jeune femme sentait monter l’excitation. L’heure du supplice était imminente, et la prédatrice qu’elle était aiguisait déjà ses griffes. Immanquablement, alors que les froids rayons de l’astre solaire jetaient une dernière lueur rougeoyante sur la neige du dehors, la porte derrière Lisa s’ouvrit pour laisser passer Anne. Elle ne frappait jamais, d’ailleurs pourquoi l’aurait-elle fait ? N’était-elle pas la maîtresse des lieux ? Plus pour longtemps, pensa la jeune femme.

La grande Dame lui indiqua simplement que la prisonnière était prête et que seule manquait la maîtresse de cérémonie. Lisa, avec une courbette, se leva et la suivit. Comme Anne la précédait, elle profita de sa relative inattention pour extraire son papier de sa cachette et le jeter rapidement dans la panière à linge de la domestique qui passait près d’elle. Elles n’échangèrent même pas un regard, rôdées qu’elles étaient à ce petit exercice. Gagner la confiance de la fille avait requis du doigté, mais de tendres étreintes accompagnées de subtils mensonges l’avaient convaincue que tout ceci servait parfaitement les intérêts de sa redoutée maîtresse. Lisa ne se considérait pas comme lesbienne, mais son apprentissage auprès de l’Assemblée lui avait ouvert de nouveaux horizons.

Elle fut surprise de constater qu’elles ne se dirigeaient pas vers le Cœur. S’enquérant de ce fait auprès d’Anne, elle ne reçut pour toute réponse qu’un énigmatique sourire. Il n’y avait qu’un endroit que la jeune initiée n’avait pas encore découvert, mais il lui paraissait incroyable que l’accès lui en fut accordé en seulement quelques mois. Une sourde angoisse commença à l’étreindre. Avait-elle omis un détail crucial ? Il ne lui semblait pas, mais elle n’en eut pas l’esprit tranquille pour autant.

C’était bien cela : les deux femmes se retrouvèrent devant la porte de l’Ame. Une porte d’acier, ciselée de façon à représenter des volutes de fumées enveloppant de purs diamants, dépourvue de toute poignée ou serrure. Elle ne s’ouvrait que devant les maîtres, bien sûr, et il suffit à Anne d’un seul regard pour que cela fut chose faite. Lisa fit taire son appréhension et emboîta le pas de sa maîtresse. A l’intérieur régnait une chaleur surnaturelle et moite, comme à l’intérieur du ventre de quelque monstre mythologique. Les dimensions de la pièce étaient plutôt étroites, surprenant selon les standards de l’Assemblée, et bien qu’on ne distinguait aucun éclairage, l’endroit était baigné d’une lumière orangée qui se reflétait sur les murs et la voûte de pierre comme un soleil d’été. Par terre, des tapis persans rompaient l’austérité du sol et sur une étagère trônaient en place d’honneur des dizaines de bocaux remplis de gaz de diverses couleurs scintillantes. De lourdes tentures tendaient le mur ouest et ondulaient légèrement sous l’effet d’une imperceptible brise. Mais ce n’était à rien de tout cela que Lisa devait son air incrédule.

Sans qu’aucune entrave ne soit visible, la tortionnaire Perse Dinah était en suspension verticale dans l’air à trente bons centimètres du sol, entièrement nue. Elle semblait lutter contre une force qui la maintenait fermement en place et lui interdisait tout mouvement. Ses jambes étaient écartées et repliées, ses talons touchant presque ses fesses, ses orteils tirés en arrière, mettant parfaitement en valeur l’arc de ses pieds. Un de ses bras était plié et plaqué contre son dos tandis que la main de l’autre bras reposait contre sa nuque. Son dos était cambré, projetant ses seins en avant. Sa tête, seul de ses membres qui semblait libre s’agitait en tous sens, les yeux clos et la bouche grande ouverte, hurlant réussir à émettre le moindre son. Winfield était avec elle et la chatouillait d’un toucher léger d’une saisissante agilité, glissant avec aisance de la poitrine aux pieds, puis attaquant les aisselles avant de se diriger vers le sexe, puis de nouveau les pieds, sans aucune logique ni possibilité d’anticipation. Il ne se déplaçait pas, le corps de la suppliciée pivotant de lui-même dans l’air pour mettre à sa portée la partie désirée. La peau mate de Dinah était ruisselante de sueur, laquelle coulait sur le sol et formait une flaque, renforçant l’impossible réalité de la scène.

Son amante entrée, le Duc interrompit la séance et laissa Anne venir à lui pour un intense baiser. Lisa pour sa part était restée figée sur le seuil. Dans son métier elle avait entendu parler de phénomènes paranormaux telles que la lévitation, mais son pragmatisme l’avait rendue extrêmement méfiante vis-à-vis de ce genre de témoignage. Pourtant, le fait était là : cette femme était bel et bien en suspension dans l’air. Une question franchit ses lèvres, posée d’une voix blanche :

- Quel genre de créatures êtes-vous donc ?

Anne, le bras tendrement passé dans celui de son bel amant, interrogea ce dernier, espiègle :

- Tu crois qu’elle est prête à l’entendre ?

Puis sans attendre de réponse, elle enchaîna :

- Tu as déjà deviné que nous n’avons rien d’humain. Mon nom est Justine, et celui de mon amant est Amiel. Notre nature véritable n’a aucune espèce d’importance, mais sache que nous sommes très anciens et que nous n’avons ni Dieu ni maître autres que nous-mêmes. L’Assemblée est l’œuvre de notre vie, entièrement dédiée à notre plaisir personnel et à la poursuite de notre existence. Nous traversons les âges, dépositaires d’un savoir et de pouvoirs immenses. La torture, cette activité humaine que nous avons transcendée, nous permet de vous prendre ce que vous avez de plus cher, de contrôler vos perceptions, et de faire de vous ce que nous voulons. Nous ne sommes pas votre plus grand fantasme, nous sommes votre unique fantasme. Celui qui commande votre existence.

Alors qu’elle parlait, un flot d’images venues du passé défilait devant le regard de Lisa. Autant de scènes de l’Antiquité, d’imageries médiévales et de réminiscences des Lumières, toutes sans exception figurant d’exquises séances de tortures, auxquelles hommes comme femmes étaient soumis avec une impitoyable équité. Les visages avaient beau changer, la jeune initiée reconnaissait à chaque fois la beauté et le charme surnaturels des deux amants, maîtres de cérémonie de ces moments de pur déchaînement sadique et sexuel. C’est alors qu’un visage en particulier attira son attention. Celui d’une jeune fille que l’on suppliciait dans les catacombes parisiennes pendant qu’à la surface un ordre millénaire s’effondrait. Alors même qu’elle n’avait physiquement que peu de points communs avec elle, Lisa aurait juré qu’il s’agissait d’elle-même, qui hurlait à en devenir folle, enchaînée sur l’autel de son supplice.

La vision s’interrompit et Lisa sursauta : Anne s’était approchée si près d’elle que leurs figures se touchaient presque. La caresse de son souffle froid était terriblement intimidante.

- Cette fille que tu viens de voir, elle m’a causé bien du tort, par le passé. Je ne m’en suis pas occupée moi-même, et du coup son âme m’a échappée. Je savais qu’elle reviendrait se mettre en travers de mes ambitions dans une autre vie, et je savais également que le supplice l’aurait rendue terriblement puissante. C’est pour cela que j’ai passé les cent dernières années à former des tortionnaires expertes. Je savais que parmi les meilleures se cacherait cette garce de Katrin. J’ai mis un temps considérable à faire renaître l’Assemblée de ses cendres et il n’est pas question que j’aie à le faire une fois de plus.

Elle se détourna et revint auprès d’Amiel.

- Cette fille est forcément une de vous deux. Amiel est persuadé que tu as fait tomber Dinah dans un piège afin qu’on l’accuse à ta place. Pour ma part, et connaissant Katrin, je ne la crois pas capable d’une telle subtilité et je pencherais plutôt pour notre adorable Perse, si loyale et en même temps si perverse. Le supplice auquel mon ami la soumettait lorsque nous sommes arrivées était sa punition pour s’être fait prendre. Cela fait, il nous faut maintenant décider laquelle d’entre vous abrite l’âme de notre némésis. Et pour cela il n’existe qu’un moyen.

Elle fit une pause. L’air moite de la pièce était devenu électrique.

- Lisa, tu vas la soumettre à la torture.

L'expression de surprise sur le visage des deux femmes était sensiblement la même, mais pour Dinah, elle se parait des sinistres atours de la terreur. Justine s'expliqua :

- Tu n'es plus à l'entraînement, maintenant. Tu es une tortionnaire accomplie et tu vas pousser notre amie dans ses derniers retranchements afin de l'obliger à se révéler. Si jamais tu n'y parviens pas, cela voudra dire que tu es notre traîtresse. La vérité par la torture, en quelque sorte. Voilà qui devrait te donner une motivation supplémentaire, non ?

Toute l'attention se reporta alors sur la condamnée, qui s'agitait faiblement dans ses liens invisibles, toujours dans un troublant silence surnaturel. Lisa, en la jaugeant, sentit le désir monter en elle. Le désir de se venger, le désir d'humilier, le désir de torturer. Le désir de s'accomplir. Sans bien se rendre compte de ce qu'elle faisait, elle s'avança vers ce superbe corps de femme flottant dans l'air. Instinctivement, elle donna mentalement l'ordre à celui-ci de se mouvoir, et il bougea instantanément pour s'immobiliser de façon à mettre les pieds de Dinah parfaitement à sa portée. La prédatrice croisa un instant le regard affolé de sa proie, puis déchaîna toute sa fureur.

Elle attaqua aussitôt les points sensibles de la femme, à savoir le milieu de la plante de ses pieds d'une douceur incomparable, déclenchant un spasme dont la violence n'eut d'égale que celle du frisson de plaisir qui parcourut le dos de Lisa au même instant. Dès le début c'était l'enfer, la suite allait être pire. En fredonnant un petit air, le visage à la fois concentré et rempli de joie malsaine, la tortionnaire promenait ses doigts sur cette surface satinée, avec des gestes d'une élégance rare. Sa précision était telle qu'on eut cru discerner de façon semi consciente les formes que ses doigts graciles suggéraient. Dinah essayait bien sûr de se débattre. S'époumonant dans des hurlements qui ne passaient pas la barrière de ses lèvres ouvertes et humides, elle tentait d'arracher ses jambes à l'invisible force qui les retenait, mais ces liens-là étaient les plus sûres des attaches, et la volonté ne signifiaient rien pour eux. Et lorsque ses orteils déjà tirés en arrière s'écartèrent pour ne pas faire obstacle aux ongles qui allaient les supplicier, l'intensité des sensations de la prisonnière franchit un nouveau pallier. Incapable de protester, de se soustraire, ou même de simplement remuer plus fort, elle était dépossédée de son corps par la volonté d'une femme. C'était cela l'essence même de la torture.

Mais déjà, la prédatrice s'ennuyait. Alors, il fallait changer de jeu : sous une nouvelle impulsion mentale, le corps de Dinah se mût de nouveau afin d'exposer son torse. Amusée par ce pouvoir, Lisa se prit de jouer sur l'esthétique de la position de sa victime afin de la rendre asymétrique. Galvanisée par une maîtrise aussi parfaite qu'aucun bondage n'aurait pu autrement lui accorder, elle se jeta avec une ardeur renouvelée sur les côtés de la jolie perse, la chatouillant vigoureusement des aisselles jusqu'à l'entrejambe en usant de tous ses doigts. La proximité de leurs visages permettait à Lisa de juger plus précisément de l'effet de ses insupportables caresses et de savourer sa domination sur Dinah. Vicieuse, elle fit descendre ses mains pour venir lui chatouiller la zone sensible de l'intérieur de ses cuisses largement écartées et du sexe lui-même. C'était atroce, et Lisa fit durer le plaisir un temps infini. Puis, elle remonta vers les côtes, en un point situé juste en dessous des aisselles qu'elle se fit un devoir de torturer sans pitié de toutes les manières que les chatouilles lui permettaient. Par pure perversité, elle s'arrangea pour que l'espace entre les bras de Dinah et sa cible soit réduit au minimum, afin que sa victime se démène en vain pour resserrer les bras et se protéger du supplice. C'était terriblement efficace, la jeune perse croyait devenir folle. Ensuite, ce fut au tour des hanches de subir une attaque en règle. Lisa opta pour une approche dite « en pince », c'est à dire le pouce opposé aux autres doigts, les mains cerclant la taille. Elle sentit à travers le contact de peau à peau que Dinah semblait détester cela tout particulièrement, alors elle insista longuement. En fait, ce fut tellement redoutable que la perse perdit temporairement le contrôle de sa vessie et répandit son urine sur le sol en un jet qui manqua de peu la tortionnaire, celle-ci ayant eu de bons réflexes.

Le supplice s'était arrêté net. La prisonnière en profita pour retrouver son souffle, mais elle savait qu'elle ne perdait rien pour attendre. Lisa, en effet, d'abord interloquée après son bond de surprise qui avait sauvé sa robe, mettait déjà la situation à profit :

- Tu as tenté de me souiller ? Malgré tout ce que je te fais endurer, tu trouves encore le moyen de me défier ? Très bien, tu vas donc voir que le laxisme dont j'ai fait jusque-là preuve à ton égard a ses limites. Tu as vu mon désir, maintenant admire ma colère.

De son sac d'accessoires, elle sortit alors deux pinceaux de calligraphie et revint auprès de la jeune femme. Un instrument dans chaque main, elle entreprit derechef de chatouiller sa victime, mais cette fois-ci elle avait senti l'odeur du sang. Même si Dinah ne s'était pas oubliée tout à l'heure, le supplice aurait de toute manière atteint ce point de non-retour. Impitoyablement, elle faisait glisser les poils de ses armes sur le corps meurtri de sa victime selon un plan et un rythme semblant changer constamment. La jeune perse avait entamé un étrange ballet aérien aux mouvement fluides et gracieux alors que Lisa faisait continuellement varier la position de son corps. On eut dit qu'elle dansait dans les airs, telle une divinité des temps antiques marchant pieds nus sur les nuages, superbe et inaccessible, qui se serait soumise à la caresse des pinceaux d'une cruelle déicide. C'était magnifique. Même les très blasés Justine et Amiel devaient admettre la beauté d'un tel spectacle. Et toujours ces accessoires d'une insupportable douceur qui exaspéraient sans fin la peau de la suppliciée à qui même les cris étaient proscrits. Seule restait une échappatoire. Lentement, presque discrètement, l'âme de Dinah s'extirpait progressivement de son enveloppe charnelle, invisible volute exhalée en des souffles devenus douloureux et pénibles sous la torture. Aucun son, aucun cri n'accompagnât sa destruction, ce qui ne la rendit que plus atroce. Lorsque tout fut fini, le corps de celle qui fut jadis une tortionnaire redoutable et redoutée se cabra une dernière fois, puis retomba inerte, redescendant sur le sol telle une feuille morte.

Lisa avait le souffle court et n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait de faire : elle venait de torturer une femme à mort. Elle l'avait vu expirer et elle savait que c'était de son fait. Elle se sentit d'abord fourbue, comme après un orgasme qui se serait fait désirer. Puis très rapidement ce fut une immense fierté qui l'envahit. Elle venait de repousser l'ultime limite du supplice.

Désormais, sa connaissance était telle qu'elle pouvait faire mourir ses victimes si elle le désirait, et faire en sorte que le passage soit le plus pénible possible pour elles. Jamais elle n'aurait espéré un jour ressentir une telle joie.
La main de Justine se posa sur son épaule. La Dame tenait entre ses mains un bocal, apparemment similaire aux autres. Mais à travers le verre transparent, elle discernait très distinctement un léger scintillement.

- Est-ce que c'est ..?

- Oui, répondit Justine d'un air satisfait, c'est bien ce que tu crois. Pour nous autres, rien ne doit venir interrompre un supplice. Pas même la mort. Nos victimes nous sont liées à jamais. Tout comme celles et ceux que nous formons... Katrin.

Lisa eut un mouvement de recul mais Justine la rassura :

- Allons, allons, ne t'inquiète pas. J'avoue que c'était Amiel qui avait raison : c'était effectivement toi, ma némésis, celle par qui mon malheur aurait dû arriver. Comme quoi, une fois de plus, il ne fait pas bon sous-estimer ses ennemis.

Le plus furtivement possible, Lisa glissa sa main vers la poche de son Derringer, et pour distraire son interlocutrice lui lança :

- En effet, Anne, ou Justine, ou quel que soit votre nom. Vous auriez bien tort de vous croire à l'abri. La police est déjà en route. Si cela se trouve, elle est déjà sur place à nous rechercher. C'est fini.

Justine eut un de ses délicats rires féminins

- Mais j'espère bien. D'ailleurs ce coup de filet gigantesque fera un bien immense à tes finances et à ta carrière. Cela te permettra de te consacrer pleinement à tes nouvelles passions.

Profitant de l'incrédulité de Lisa, Justine bondit en avant, et d'une main à la force surnaturelle lui enserra le poignet, figeant le geste de la jeune femme qui s'apprêtait à sortir son arme. La douleur lui intima mieux que n'importe quel ordre de ne pas lutter, car c'était perdu d'avance. Lorsque Justine reprit, leurs lèvres se touchaient presque.

- Tu es jeune et tu commets des erreurs de jeunesse. Mais je te suggère de maîtriser un peu tes gestes. Tu n'as pas envie de tout gâcher maintenant.
Comprenant le message, Lisa laissa son pistolet glisser au sol. De toute manière, les renforts étaient probablement déjà arrivés. Il lui suffisait de gagner un peu de temps Sûre d'elle, Justine ne prit même pas la peine de ramasser l'arme et, donnant un peu d'espace à son interlocutrice, poursuivit, une lueur pétillante dans le regard :

- Parfait. Comme je viens de te le dire, tu vas avoir besoin de temps pour t'adonner à tes nouvelles passions. Tu peux bien entendu recréer l'Assemblée, mais te connaissant, je pense que tu préfèreras garder tout le plaisir pour toi.

Puis, plus intensément :

- Tu as été marquée, Katrin. Nous avons fait de toi l'une des nôtres, et nous y avons pris un plaisir considérable. Nous en avons assez de fuir devant toi. Si tu ne peux pas abattre ton ennemi, il te suffit de le corrompre pour que la différence entre lui et toi se résorbe, si bien que pour te faire du mal, il soit obligé de s'en faire à lui-même.

Cette révélation ne faisait qu'enfoncer une porte ouverte pour Lisa, mais elle n'avait jamais pris conscience jusque là de ce que cela signifiait pour sa mission. Justine avait raison, elle était prise au piège de ses propres passions. En faisant ce qu'elle avait fait ce soir, elle avait scellé son avenir : elle ne pourrait plus jamais se passer des sensations qu'elle avait ressenties. Leur intensité était tout ce qu'un être humain peut désirer, mais comme tout désir il fallait le contenter sans cesse. C'était cela, la marque que la torture apposait sur les maîtres

De nouveau, Justine s'approcha tout près d'elle :

- Bien sûr, tu pourrais nous empêcher de partir. Tu pourrais ne pas sentir de reconnaissance immédiate et exercer sur nous une vengeance mesquine et peu glorieuse. Alors pour te protéger de ta propre stupidité, je vais te faire un cadeau. La dernière fois, j'avais embrassé une soumise. Aujourd'hui j'embrasse une égale.

Et Justine vint tendrement poser ses douces lèvres sur celles de Lisa. La sensualité avec laquelle sa langue vint caresser celle de la jeune détective désarma complètement cette dernière et distilla en elle un délicieux sentiment d'abandon, pour le moins familier. Cet échange dura un long moment, puis prit fin. Lorsque Lisa rouvrit les yeux, Justine, Amiel et Dinah avaient disparu, ainsi que tous les bocaux. Confuse, comme si elle s'éveillait d'un rêve, elle ramassa son Derringer. Elle rajusta mécaniquement sa tenue, puis ouvrant la porte d'un regard, comme l'avait fait la maîtresse des lieux, elle tituba au-dehors. Libre.

+ + +​

Ravencroft grouillait de policiers, qui étaient venus en nombre pour l'occasion. Le Coeur était plein au moment de la descente, et c'était une bonne moitié de la noblesse d'europe qui se trouvait embarquée comme des délinquants. Ils ne seraient pas trop inquiétés, on pendrait les subalternes et on expulserait ou taxerait les autres, sauf pour ceux qui avaient bêtement résisté à l'arrestation, mais l'affaire continuerait de faire du bruit pour le restant du siècle, et probablement après. Le chaos était général et Lisa, se sentant oppressée par tant de bruit et de mouvement, et surtout pour éviter de se faire arrêter, se glissa discrètement hors du manoir, usant de sa parfaite connaissance des lieux. Elle se laissa couler d'une fenêtre du rez-de- chaussée dans un petit jardin, attendit à l'abri d'un massif de fleurs qu'un binôme de constables passe en courant devant elle, puis s'extirpa de sa cachette et regagna le perron.

Le commissaire principal Miles Andrews était là, bien sûr. Le sourire au lèvres surligné par son imposante moustache, irradiant d'autosatisfaction, il donnait des ordres en faisant de grands gestes. C'était son jour de gloire. Apercevant Lisa, il lui fit signe d'approcher. En prenant garde de ne pas percuter un des policiers qui entraient et sortaient en permanence, souvent accompagnés d'hommes et de femmes récalcitrants, elle vint à lui.

- Eh bien, ma chère, je vous tire mon chapeau. Vous avez mené cette affaire de main de maître. Ceci est peut-être le coup de filet le plus
impressionnant depuis la création du Yard. C'est une affaire qui pourrait me mener très haut, et vous aussi.

Il ponctua sa phrase d'un de ces clins d'oeil masculins très lourds de sous-entendus. Lisa prit sur elle pour ne pas éclater de rire. Il ajouta :

- En tout cas, votre récompense sera à la mesure de votre contribution. Mr Davidson a évoqué avec moi des sommes dont je préfère, par décence, que vous en discutiez avec lui. Passez donc demain au Yard, il sera là et nous pourrons faire le bilan après une bonne nuit de repos.

Lisa hocha laconiquement la tête, puis s'excusa poliment après une courte conversation sans intérêt et se retourna pour admirer les dernières heures de l'endroit qui avait changé sa vie. Le manoir en lui-même avait conservé sa majesté, mais il ne résonnerait plus des cris des suppliciés. Son Ame avait disparu. Quant à elle, la cour était encombrée de paniers à salade qui juraient affreusement avec l'élégance distinguée des carrosses d'aristocrates et le gravier avait été remué en tous sens. Ce désordre choquait Lisa, qui imaginait sa victoire moins destructrice. Le charme de L'Assemblée avait pris sur elle et elle la quittait avec regret.

Se détournant, elle inspira profondément l'air froid de la nuit d'hiver. Elle avait encore changé : Justine ne lui avait pas donné qu'un baiser. Elle lui avait fait don d'une part de son essence surnaturelle. Elle ignorait dans quelle mesure mais elle avait toute sa vie pour l'explorer. Elle décida de faire quelques pas alentour, avant de se laisser raccompagner en ville. Ce faisant, elle avisa un séduisant bobby, au corps ferme et aux traits fins. Décidant qu'elle en avait assez des femmes, elle vint à sa rencontre. Une nouvelle vie commençait pour elle. Celle, rarissime à cette époque, d'une femme libre de son destin.

FIN
 
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Je peux d'ores et déjà vous annoncer que le prochain cycle commencera le 31 décembre. Si, si c'est vraiment promis ce coup-ci. Voilà une sympathique façon de commencer l'année, non ?
 
Bravo et merci Tenebrae. J'ai lu ce dénouement avec beaucoup de plaisir. Pour la forme car je trouve que ton texte est (toujours) fort bien écrit, infiniment mieux que la quasi totalité de ceux publiés en français sur le web. Pour le fond ensuite car j'ai beaucoup aimé l'idée de la suspension (même si elle me rappelle l'épisode II d'une autre saga) et de ses variantes imposées par l'esprit du bourreau (idée géniale qui m'a aussitôt fait oublier l'autre saga). J'ai aussi beaucoup aimé cette façon de traiter l'idée de "torturer à mort". Je t'avouerai avoir cru un moment que Lisa finirait chatouillée à son tour, et que j'ai même espéré ce supplice. Une histoire de fantasme qui appelle à d'autres fantasmes est selon moi une histoire particulièrement réussie. Bravo donc.
 
Bravo et merci Tenebrae. J'ai lu ce dénouement avec beaucoup de plaisir. Pour la forme car je trouve que ton texte est (toujours) fort bien écrit, infiniment mieux que la quasi totalité de ceux publiés en français sur le web. Pour le fond ensuite car j'ai beaucoup aimé l'idée de la suspension (même si elle me rappelle l'épisode II d'une autre saga) et de ses variantes imposées par l'esprit du bourreau (idée géniale qui m'a aussitôt fait oublier l'autre saga). J'ai aussi beaucoup aimé cette façon de traiter l'idée de "torturer à mort". Je t'avouerai avoir cru un moment que Lisa finirait chatouillée à son tour, et que j'ai même espéré ce supplice. Une histoire de fantasme qui appelle à d'autres fantasmes est selon moi une histoire particulièrement réussie. Bravo donc.

Wow ! Ca me va droit au coeur. Il est certain que je me suis donné du mal pour accoucher de ce texte, mais lorsque je lis tes commentaires, je me dis que cela en valait définitivement la peine.

Lisa soumise de nouveau à la torture ? Hé hé, j'y ai pensé mais cela aurait peut-être fait une redite trop prononcée. En plus, l'effet de surprise était plus grand dans cette version-ci.

En tout cas, je suis content de voir que malgré mes "franchissements de ligne jaune" répétés et assumés, tu apprécies mes créations. C'est important pour moi. Sur ce, rendez-vous demain pour de nouvelles aventures, médiévales cette fois-ci. Je me plais beacoup dans ce genre de fantaisies historiques.

Merci pour tout.
 
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Bravo Tenebrae, toujours aussi excellent.
Ce qui est interessant, c'est ce style d'écriture réaliste avec des éléments de récits "fantastiques". J'ai hate de découvrir le prochain cycle.
Encore bravo.
 
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